HANDICAP
ACTUALITÉ
DU CÔTÉ DES… COLLOQUES
Les professionnels présents au colloque sur l’accès aux soins du 15 janvier ont formulé des propositions pour améliorer la prise en charge des personnes handicapées aux urgences.
Aujourd’hui encore, « les personnes handicapées sont confrontées à des difficultés pour accéder aux soins de base », a d’abord constaté la ministre déléguée, Marie-Arlette Carlotti. Lors d’un colloque organisé le 15 janvier au ministère de la Santé, les professionnels se sont penchés sur les raisons pour lesquelles ces patients sont moins bien pris en charge à l’hôpital que le reste de la population. Le fruit des débats alimentera le rapport que Pascal Jacob, président de l’association Handidactique-I=MC2, doit remettre en avril à la ministre. Parmi les quatre thèmes abordés par les soignants, responsables associatifs et directeurs d’établissement réunis en tables rondes, le problème de la prise en charge des personnes handicapées aux urgences s’est détaché. « La première question qui devrait se poser est comment éviter l’arrivée de ces patients aux urgences », a affirmé, d’emblée, Andrée Barreteau, directrice de l’offre de soins à l’ARS d’Ile-de-France.
En effet, c’est souvent faute de mieux que les personnes handicapées se retrouvent dans ces services. « Une fois aux urgences, il arrive que l’on ne s’occupe pas de nous et que nous repartions sans solution, pour revenir, dans le même service, quelques heures plus tard », explique la maman d’un enfant handicapé dans le film Si tu savais, réalisé par Handidactique et diffusé lors du colloque. En cause : une méconnaissance du monde du handicap de la part des soignants, le manque de temps pour écouter les familles et, enfin, la difficulté à communiquer avec certaines personnes handicapées. Sur ce dernier point, plusieurs expériences positives ont été rapportées.
Dans le film évoqué, un médecin parle d’« une infirmière malentendante qui assure un accueil pour les sourds » dans son hôpital. « On pourrait imaginer cela pour tous les types de handicap », propose-t-il. « Une solution plus réaliste serait de former de nouvelles personnes, au sein de l’hôpital, à l’accueil des patients handicapés », a renchéri le Dr François Moreau, de la Fédération des hôpitaux de France.
Marie-Anne Faurel, chef de service éducatif à l’Institut médico-éducatif de Villejuif (Val-de-Marne), a expliqué comment une infirmière a mis au point un livret, « Germes de parole », qui aide, au travers de pictogrammes, à atténuer l’angoisse des enfants dans la salle d’attente. « On peut aussi leur montrer ce que l’on va faire en utilisant une poupée », a-t-elle proposé. Le Dr Pierre Carli, président du Conseil national de l’urgence hospitalière, a réclamé, pour sa part, l’adoption d’une charte des services d’urgence, qui garantirait un « accueil minimum » et préciserait la nature de leurs missions auprès des patients.
Enfin, le Dr Philippe Denormandie, chirurgien à l’hôpital de Garches (Hauts-de-Seine), a insisté sur le problème des particularités de chaque patient, dont l’équipe des urgences doit prendre connaissance très rapidement. Il a proposé la création d’un « kit d’urgences » incluant des recommandations concernant la personne à prendre en charge. Pour lui, il faut aussi savoir immédiatement « quel est le centre expert auquel on doit téléphoner ». Même s’« il y a incompatibilité avec le secret médical, acceptons de l’évoquer », a-t-il lancé.