DES PAROLES AUX ACTES - L'Infirmière Magazine n° 319 du 15/03/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 319 du 15/03/2013

 

PSYCHIATRIE

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… COLLOQUES

Malgré les rapports et plans de ces dernières années, la psychiatrie est toujours en attente d’une réforme d’ampleur. Fin février, à Paris, la FHF a fait le point sur ses enjeux.

Ces dix dernières années, une vingtaine de rapports se sont penchés sur la prise en charge psychiatrique en France. Rares sont les disciplines soumises à tant de propositions… jamais appliquées. Abonnée à la rubrique faits divers, la psychiatrie a fait l’objet d’une loi portant seulement sur les soins sans consentement. Pourtant, « les pathologies relevant de la psychiatrie se situent au troisième rang des maladies les plus fréquentes, après le cancer et les maladies cardio-vasculaires », a rappelé le sénateur (UMP) Alain Milon lors de la journée « Actualités et enjeux de la psychiatrie et de la santé mentale », début février, à Paris(1).

Isolement

Auteur d’un rapport d’information(2)présenté en décembre, l’élu a plaidé pour l’intégration de la lutte contre les troubles mentaux à la future loi de santé publique, prévue pour 2014. Une façon de remédier à l’« isolement de la psychiatrie ». Face à une assemblée de directeurs d’établissement, de psychiatres et de cadres, Alain Milon a proposé de mettre en place un programme de développement des réseaux de soins et la création de postes de « case manager ».

Chargés du suivi du patient dans son parcours sanitaire et médico-social, ils permettraient de « surmonter le cloisonnement entre hôpital et ville, entre généralistes et spécialistes ». Le sénateur a également insisté sur la prise en charge somatique des personnes atteintes de troubles mentaux. « Leur espérance de vie est inférieure de vingt ans à celle de la population générale, en raison des nombreuses comorbidités et des effets secondaires des traitements, a-t-il relevé. Il faudra lutter contre l’addiction au tabac et contre les drogues illégales, qui circulent dans de nombreux établissements ».

Déserts médicaux

Autre enjeu : s’attaquer aux déserts de la psychiatrie libérale. Alors que Paris compte 67 psychiatres libéraux pour 100 000 habitants, la Gironde n’en recense que vingt-et-un et la Vendée deux. Les efforts devront se concentrer sur la formation. Alain Milon a insisté sur la nécessité de « garantir un tronc commun de la spécialisation en psychiatrie », afin de former les étudiants à « tous les types de prise en charge ». Via la formation continue, généralistes et pédiatres doivent être préparés à « prendre en charge les dépressions et détecter les troubles psychiques ». « La formation en psychiatrie des infirmières a beaucoup régressé », a réagi une directrice des soins. Faut-il envisager un master en psychiatrie ? Une quatrième spécialité ?

Le problème du logement a également été soulevé. « Beaucoup d’usagers perdent leur logement ou ont des difficultés à y accéder, a relevé le Dr Dolores Torres, présidente de la CME du CH Édouard-Toulouse, à Marseille. Un tiers à 50 % des patients hospitalisés n’auraient pas de logement pérenne. » D’où un risque de « rupture de la continuité des soins ».

Des villes comme Marseille, Rennes et Lille se sont saisies de la question au travers de leur conseil local de santé mentale. Reste à savoir si la future loi de santé publique, ou une éventuelle loi de santé mentale, s’attellera à la tâche.

1 – Organisée par la Fédération hospitalière de France.

2 – Rapport sur « La prise en charge psychiatrique des personnes atteintes de troubles mentaux », présenté à la commission des affaires sociales du Sénat.