ACTUALITÉ
CHRONIQUE
Les contraintes physiques du travail des soignants ne sont pas assez mises en exergue. Pourtant, elles sont à l’origine d’arrêts maladie et d’inaptitudes partielles ou totales, qui accentuent le sous-effectif car ces personnels sont rarement remplacés. À la reprise du travail, leur affectation en « surnombre » pose d’autres problèmes pouvant altérer la qualité des soins : mission souvent imprécise, agent non formé ou peu motivé par leur nouvelle fonction, surcharge de travail pour le reste de l’équipe, qui accepte difficilement les tâches allégées ou les horaires aménagés de leurs collègues…
Le taux de troubles musculosquelettiques (TMS) est très important chez les soignants. Selon la configuration des locaux et l’organisation du travail, les distances parcourues chaque jour sont considérables. La posture assise n’est adoptée que pendant 25 % du temps de travail, le reste se répartissant en marche ou en piétinements, sources de problèmes circulatoires, ou en positions pénibles et récurrentes : penché, accroupi, bras en l’air, déplacement de chariot ou de brancard… Les risques de survenue de TMS sont dominés par la manutention des malades, parfois lourds, par un personnel essentiellement féminin. La répétition de ces gestes est à l’origine de pathologies rachidiennes et articulaires potentiellement invalidantes, générant chez beaucoup une douleur chronique responsable de longues périodes d’absence pour maladie et à terme d’incapacité fonctionnelle. La prévention des pathologies rhumatismales est un enjeu humain et économique qui doit passer par la formation systématique des personnels soignants aux bons gestes et postures, et à l’utilisation d’aides techniques, à une « culture ergonomique » globale.