HÔPITAL PUBLIC
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Début mars, la ministre a présenté son pacte de confiance pour l’hôpital. Les grandes orientations sont tracées, mais les reformes devront encore attendre.
Tourner la page de la loi HPST. » C’est l’ambition affichée par Marisol Touraine, qui a présenté, début mars, son pacte de confiance pour l’hôpital. En présence de nombreux représentants du monde hospitalier, la ministre de la Santé a pris treize engagements, reprenant la majeure partie des propositions du rapport d’Édouard Couty, issu de six mois de concertation.
Balayant la notion d’hôpital « entreprise », Marisol Touraine a annoncé vouloir réaffirmer le service public hospitalier, dont les missions, les acteurs, ainsi que les droits et obligations seront définis dans la future loi de santé publique, attendue pour 2014. Une responsabilité qui ne pèsera pas sur le seul hôpital public, mais sur « l’ensemble des acteurs de santé d’un territoire », poursuivant des objectifs de santé publique et de réduction des inégalités de santé. En lien avec la stratégie nationale de santé lancée par le Premier ministre, une réflexion sera menée autour de ce « service public territorial de santé ».
Après la dotation globale et la tarification à l’activité (T2A), la ministre a souhaité engager « l’acte III de la tarification ». Les jalons d’une « tarification de parcours » seront posés dès le projet de loi de finances de la Sécurité sociale pour 2014, cet automne. Partant du constat que la T2A n’est pas adaptée aux soins au long cours, des expérimentations seront menées sur le financement du parcours de soins des diabétiques et sur les soins palliatifs. Au cours des dix prochaines années, 45?milliards d’euros seront investis dans les hôpitaux. À charge pour les agences régionales de santé (ARS) de recenser les besoins et d’élaborer des schémas régionaux d’investissement. En outre, 80 millions d’euros seront consacrés au lancement des « territoires de soins numériques », afin de favoriser le travail en équipes à distance et de faciliter l’accès des patients à l’information en santé.
« Les diverses instances de l’hôpital ne peuvent servir de simples chambres d’enregistrement au moment où les établissements engagent des choix à long terme », a déclaré la ministre. Afin de « redonner tout son rôle à la CME » (commission médicale d’établissement), un décret portant sur sa composition et le renforcement de ses compétences sera signé avant l’été. La commission des soins infirmiers devra, quant à elle, avoir « une meilleure visibilité institutionnelle ». Marisol Touraine a également tenu à reconnaître le rôle des cadres de santé, qui « assurent le bon fonctionnement de tous les jours ». Reste à savoir comment se traduira cette reconnaissance. Par ailleurs, le rôle des patients dans la vie des hôpitaux sera renforcé par la création d’un comité technique des usagers dans les grands établissements.
Alors que les attentes étaient fortes, peu de réponses ont été apportées concernant les conditions de travail. Évoquant la situation des urgences, Marisol Touraine a reconnu que « des postes supplémentaires de médecin ou d’infirmier [étaient] parfois nécessaires », avant de pointer « les questions d’organisation ». Une section médicale sera créée au sein du CHSCT
1 - Comité hygiène, sécurité et conditions de travail.
Nous avons été auditionnés par Édouard Couty et nous avons remis une contribution. Compte-tenu des grandes annonces autour de ce pacte et du temps de concertation, la montagne a accouché d’une souris ! La filière infirmière est la grande absente. Il y a un véritable malaise, des équipes en crise, des moyens qui ne sont pas en adéquation avec nos missions, remettant en cause la qualité des soins et la sécurité des patients comme du personnel. Mais, il n’y a pas de réelle appréhension de l’urgence de la situation. D’ailleurs, dans les treize engagements, il n’y a pas de mesure d’urgence. La ministre affirme qu’il faut mieux reconnaître le rôle des cadres, mais ça veut dire quoi ? Il y a quand même des points positifs, notamment la restauration du service public hospitalier. Mais, je ne crois pas que ce pacte restaurera la confiance.
NATHALIE DEPOIRE, PRÉSIDENTE DE LA COORDINATION NATIONALE INFIRMIÈRE