L'infirmière Magazine n° 321 du 15/04/2013

 

CONDITIONS DE TRAVAIL

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES … COLLOQUES

Le travail à l’hôpital s’effectue aujourd’hui dans des conditions dégradées pour bon nombre de soignantes. Le colloque du Pont du Gard a identifié des leviers d’améliorations.

Plus que jamais, la question des conditions de travail à l’hôpital est d’actualité. Le mal-être est généralisé, aucune catégorie de personnel n’est épargnée. La 6e Journée des soignants en gériatrie du Pont du Gard, mi-mars, a permis d’évoquer les actions stratégiques à mettre en œuvre pour restaurer ou préserver la satisfaction au travail. Identifier les contraintes, sources de risque, pour mieux les prendre en compte, tel est l’objectif de la méthodologie Orsosa, présenté par Elsa Laneyrie et Julie Pavillet, psychologues du travail au CHU de Grenoble. Inspiré du modèle américain des « magnets hospitals », des établissements attractifs capables de fidéliser le personnel, cet outil de diagnostic rapide cherche à concilier organisation des soins et santé des soignants. Il aborde plusieurs dimensions : les contraintes psychologiques et organisationnelles, les troubles musculo-squelettiques – première cause d’inaptitude – et l’intensité de la charge physique de travail. Un diagnostic partagé est établi par le cadre, avec son équipe. Un suivi des mesures de prévention est proposé après six mois et une réévaluation est possible à un an.

Réalité du travail

Prévenir les risques liés au travail nécessite de bien l’appréhender. Il faut ainsi « distinguer le travail prescrit, inscrit dans les procédures et les protocoles, du travail réel, c’est-à-dire tout ce qui est vraiment fait », a rappelé Paule Bourret, cadre supérieure de santé à l’IFCS du CHU de Montpellier et maître de conférences en sociologie. Entre les deux, l’écart est inévitable, car les protocoles et les procédures sont élaborés pour un ensemble de situations standardisées. Paule Bourret a souligné l’importance d’oser dire la réalité de son travail à ses collègues et à sa hiérarchie, même le « sale boulot » ; de respecter la prescription, indispensable, mais qui doit rester un guide ; et de travailler ensemble pour ne pas auto-légitimer des manières de faire. Développer une culture commune d’établissement peut aussi être l’un des leviers de la satisfaction au travail. Avec un doublement de ses effectifs en quatre ans, plusieurs sites éloignés les uns des autres et une cinquantaine de métiers recensés, le CH d’Uzès s’est inscrit dans cette voie. Un groupe de travail a abouti à la mise en œuvre de journées découverte. Objectif : décloisonner les services et favoriser les rencontres interprofessionnelles. Rien de tel que de mettre un visage sur un nom pour faciliter, ensuite, le travail au quotidien.