L'infirmière Magazine n° 321 du 15/04/2013

 

DIRECTEURS DES SOINS

ACTUALITÉ

La revalorisation proposée est jugée trop peu attractive par les directeurs des soins, qui ont manifesté en nombre fin mars.

Près de 200 directeurs des soins (DS) rassemblés devant le ministère de la Santé, déposant des gerbes de fleurs devant une fausse pierre tombale. Le 27 mars, coordinateurs généraux des soins ou encore directeurs d’Ifsi, venus de toute la France, ont tiré la sonnette d’alarme : héritier des infirmières générales, leur corps est « menacé de disparition » en raison d’une attractivité en berne. L’arbitrage interministériel de fin février ne permettra sans doute pas d’inverser la tendance. Car la revalorisation promise par le protocole d’accord du 29 juillet 2011 n’est pas au rendez-vous, estiment les syndicats. Signé par Xavier Bertrand, alors ministre, le protocole reconnaît « les responsabilités exercées au sein des établissements de santé et des instituts de formation », accrues par la loi HPST et la réforme LMD. Il souligne « la nécessité de la mise à niveau de la carrière du corps des directeurs des soins » par une « refonte de l’ensemble de l’architecture indiciaire », qui doit « clairement établir l’appartenance aux corps de direction ».

Incompréhension

C’est pourtant une échelle très proche de celle des cadres supérieurs de santé qui est proposée. En fin de carrière, les DS pourraient prétendre à un indice brut (IB) de 966, quand la récente revalorisation des cadres prévoit un bornage de l’IB à 820 – soit l’équivalent du dernier échelon des DS de 2e classe – et à 901 à l’horizon 2015. Seuls 110 coordonnateurs généraux des soins accéderaient à un nouvel échelon fonctionnel, terminant à un IB de 1015, et 63 DS détachés sur emploi fonctionnel(1) pourraient aller en hors échelle. « Il y a une vraie incompréhension, lance Claude Lescouet, secrétaire national de section au Syncass-CFDT(2) et coordinateur général des soins au Groupe public de santé Perray-Vaucluse (Paris). Cette proposition n’a rien à voir avec le niveau de responsabilités des DS. »

Postes vacants

Pour ce dernier, « l’enjeu est l’existence même des DS ». Les effectifs de la profession ne cessent de chuter : de 901 en 2011, les DS n’étaient plus que 830 début 2013 ; 400 d’entre eux ont plus de 55 ans. Si l’attente de la revalorisation en a conduit certains à différer leur départ en retraite, l’arbitrage actuel risque de l’accélérer, alors que la pénurie est déjà inquiétante. En 2012, « seulement 40 % des postes vacants ont trouvé preneurs », rapporte Claude Lescouet, directeur par interim de l’Ifsi du GPS. Une quarantaine de places sont ouvertes à l’EHESP(3) chaque année, mais le nombre de candidatures s’est effondré : il est passé de 211 en 2007 à 83 l’an dernier. « Il n’y a aucun intérêt pour un cadre à devenir DS, à quitter sa famille pour se former à 49 ans(4), explique Claude Lescouet. Les responsabilités sont lourdes et les revenus identiques. » Le Syncass-CFDT s’interroge : le ministère veut-il « délibérément la fin du corps des DS » ? Membre du directoire, organisateur des soins, interlocuteur des équipes, acteur des restructurations de l’hôpital comme de la formation, « le DS a toute sa place », assure Claude Lescouet. Reçus au ministère, les DS attendent un nouvel arbitrage, porteur d’une réelle revalorisation.

1– En tant que conseilleurs au sein d’une agence régionale de santé ou de la direction générale de l’offre de soins.

2– Syndicat des cadres de direction, médecins, dentistes et pharmaciens des établissements sanitaires et sociaux publics et privés.

3– École des hautes études en santé publique.

4– Âge moyen des candidats au concours, qui entament une « 3e carrière », après celle d’infirmier et de cadre.