CANCER
ACTUALITÉ
DU CÔTÉ DES… ÉTABLISSEMENTS
À Marseille, l’Institut Paoli-Calmettes vient de lancer un accompagnement vers le retour à l’emploi à destination des patients cancéreux en rémission.
Éviter aux patients d’endurer une « double peine ». Tel est l’objectif que s’est fixé l’Institut Paoli-Calmettes (IPC)
En parallèle de sa démarche en direction du grand public et des entreprises, dont l’objectif est de modifier le regard de la société sur le cancer, l’IPC a donc lancé un dispositif à destination des patients. Avec l’aide d’une équipe pluridisciplinaire, composée d’une assistante sociale engagée à mi-temps pour cet accompagnement, d’un oncologue, d’un médecin expert du travail (en lien avec les réseaux de médecins du travail) et d’un psychiatre, ce programme vise à anticiper et à faciliter le retour à l’emploi après la maladie.
Dans un premier temps, le dispositif ne concernera que 150 patients par an – sur les 6 500 nouveaux reçus, en moyenne, par l’établissement. Il est destiné aux salariés du secteur privé exerçant dans les Bouches-du-Rhône, a priori susceptibles de reprendre le travail, et souffrant de pathologies offrant des chances de rémission importantes, à savoir les cancers du sein, gynécologiques, digestifs, urologiques et les lymphomes. Ces derniers sont adressés vers le programme par leur infirmière coordinatrice, des assistantes sociales, ou directement par le médecin.
Les défis à relever ne manquent pas, que ce soit adapter le poste de travail, constituer des dossiers pour obtenir d’éventuelles aides financières ou envisager une réorientation si nécessaire. C’est pourquoi l’IPC s’attache à lancer l’accompagnement le plus tôt possible. « On s’est aperçu que si l’on tardait, soit il fallait prolonger l’arrêt maladie, soit nous n’avions pas le temps de mettre en place tous les dispositifs nécessaires à la reprise de l’activité », commente Anne-Lise Lainé, responsable du pôle social de l’IPC.
Chaque jour compte. D’autant plus qu’après une longue absence, des changements ont pu intervenir au sein de l’entreprise (mise en place de nouveaux logiciels, par exemple), les collègues se montrent mal à l’aise, la direction s’interroge… Quant au malade, il peut aussi se mettre à douter de ses propres compétences. Résultat : « On essaie d’évoquer le dispositif, voire de le démarrer, dès la consultation d’annonce, poursuit Anne-Lise Lainé. Tout dépend de la façon dont la personne réagit. »
Cette démarche fait-elle partie intégrante du soin ? « L’impact psychologique est inexistant dans la guérison, affirme le PrFrançois Eisinger. Toutes ces descriptions romanesques selon lesquelles il faudrait se battre sont même violentes et culpabilisantes. » Il reconnaît, toutefois, que « le support social a un effet réel, mais pas majeur. » Le psychiatre Patrick Ben Soussan, responsable du service de psychologie clinique et membre de l’équipe chargée du dispositif, fournit, quant à lui, une autre appréciation. « La guérison psychique n’est pas la même que la guérison somatique, soutient-il. C’est une autre temporalité. Quand le docteur signe en bas de la page pour attester que c’est fini, l’entourage le croit. Mais, dans la tête du patient, ce n’est pas terminé ! » Tout un parcours psychologique doit encore se mettre en œuvre, et il passe aussi par le travail.
1– Institut Paoli-Calmettes, 232, bd de Sainte-Marguerite, 13009 Marseille. Tél. : 04 91 22 33 33.