L'infirmière Magazine n° 323 du 15/05/2013

 

VACCINATION

ACTUALITÉ

Pour lutter contre la recrudescence de certaines maladies, la ministre de la Santé envisage d’élargir le nombre de professionnels habilités à vacciner.

Au pays de Pasteur, le vaccin n’a plus la cote. Selon un récent rapport de l’Institut de veille sanitaire (InVS), les objectifs de couverture vaccinale – 95 % pour tous les vaccins et 75 % pour la grippe – sont loin d’être atteints. Le 23 avril, en pleine Semaine européenne de la vaccination, les sénateurs se sont interrogés sur les causes d’une telle réticence et, surtout, sur la façon d’améliorer la politique vaccinale.

« Les maladies couvertes par un vaccin n’effraient plus, a constaté Marisol Touraine, ministre de la Santé. Pourtant, elles n’ont pas disparu. » Certaines sont même en pleine recrudescence, comme la tuberculose ou la rougeole. Plus de 22 000 cas de rougeole ont été recensés en France depuis 2008. Selon l’InVS, la couverture vaccinale est trop faible pour éradiquer la maladie : en 2010, 89 % des enfants de 2 ans avaient reçu la première dose du vaccin rougeole-oreillons-rubéole et seuls 61 % avaient reçu la seconde dose. Quant à la vaccination contre la grippe, elle est en baisse : seuls 54 % des plus de 65 ans et moins de 50 % des personnes à risque étaient protégés en 2010-2011. La gestion calamiteuse de la pandémie de grippe A, en 2009, n’est pas la seule fautive.

Polémique

« Des groupes divers, dont certains à tendance sectaire, relayés par Internet, militent contre la vaccination », relève le sénateur Georges Labazée (PS), auteur d’un rapport sur la politique vaccinale en France. La crainte des effets secondaires des injections a été récemment ravivée par la polémique sur la présence de sels d’aluminium dans les adjuvants vaccinaux(1). Si bien que Marisol Touraine a annoncé la constitution d’un comité de pilotage consacré à l’aluminium dans les vaccins.

Pour la ministre de la Santé, il s’agit surtout « de rendre le parcours vaccinal plus lisible ». Dans un souci de simplification, le calendrier vaccinal 2013 comporte une injection en moins pour les nourrissons et supprime le rappel DTCoq pour les adolescents. Pour les adultes, « les rappels auront lieu à âge fixe plutôt qu’au terme d’une période », a expliqué Marisol Touraine. Afin de mieux toucher les populations précaires, la vaccination dans les centres de santé de l’Assurance-maladie, gratuite, sera favorisée. Troisième mesure : le développement du carnet de vaccination électronique, qui pourra être intégré au dossier médical personnel.

Enfin, la ministre de la Santé a annoncé son intention d’« élargir le nombre de professionnels habilités à prescrire et à réaliser une vaccination », rappelant que les infirmières sont déjà autorisées à vacciner contre la grippe les plus de 65 ans et les personnes à risque. Plusieurs pistes ont été évoquées : permettre aux sages-femmes de vacciner l’entourage des femmes enceintes, aux pharmaciens d’effectuer les rappels chez les patients adultes ou encore aux infirmières de vacciner… « au sein d’une pharmacie ». Une proposition qui a fait bondir le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux et l’Ordre national des infirmiers. Ils demandent à la ministre de permettre aux infirmières de vacciner sans prescription médicale tous les adultes, contre l’ensemble des pathologies. « Tout en préservant l’indépendance des professionnels », a tenu à préciser l’Ordre.

1– Fin mars, une infirmière du CH d’Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques) a obtenu du tribunal administratif de Pau la suspension d’une décision refusant de considérer sa myofasciite à macrophages comme une maladie professionnelle due à une survaccination dans le cadre de son emploi.