L’ACR DE L’ENFANT - L'Infirmière Magazine n° 323 du 15/05/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 323 du 15/05/2013

 

FORMATION CONTINUE

FICHE TECHNIQUE

La prise en charge de l’arrêt cardio-respiratoire (ACR) de l’enfant s’effectue selon des recommandations internationales (1). Afin de réduire la mortalité, chaque soignant doit connaître la chaîne de survie.

Diagnostic

L’arrêt cardiaque est diagnostiqué quand l’enfant est inconscient, ne respire pas et ne montre pas de signe de vie (pas de réaction à la stimulation, absence de toux, absence de respiration spontanée après une première ventilation).

Causes

• Chez l’enfant, contrairement à l’adulte, l’ACR est secondaire à une détresse respiratoire ou circulatoire non contrôlée qui évolue vers une hypoxie, responsable d’une bradycardie puis d’une asystolie.

• En raison de l’origine secondaire respiratoire prédominante, le pronostic dépend de la rapidité de la mise en place de la réanimation cardio-pulmonaire de base. La ventilation doit commencer avant l’alerte.

Le but est de protéger les organes vitaux et de limiter l’anoxie cérébrale, qui survient dès la 3e minute.

Étapes de la réanimation cardio-pulmonaire, chaîne de survie

Une réanimation cardio-pulmonaire de base doit commencer immédiatement. Elle doit être pratiquée pendant une minute avant d’alerter les secours.

1. Sécuriser l’enfant et l’environnement : le déshabiller, l’installer sur le dos à hauteur du sauveteur.

2. Stimuler l’enfant doucement, par contact tactile et verbal, pour évaluer sa conscience (sans le secouer).

3. Appeler au secours sans quitter l’enfant. Lorsqu’une personne se présente, lui demander d’activer l’aide médicale urgente et de rapprocher le matériel de réanimation (chariot d’urgence, valise).

4. Libérer les voies aériennes (VA) :

– mettre la tête en position neutre chez le nourrisson, en légère hyperextension chez l’enfant ;

– ouvrir la bouche par l’antépulsion de la mâchoire et vérifier sa vacuité.

Les VA libérées, vérifier si l’enfant respire.

5. Évaluer la respiration. Voir si le thorax se soulève, écouter, sentir le flux expiratoire sortir de sa bouche.

Ce temps d’observation doit durer 10 secondes.

Si l’enfant ne respire pas :

6. Ventiler. Commencer la ventilation par 5 insufflations, en vérifiant que le thorax se soulève. La ventilation est plus efficace avec un insufflateur relié à l’oxygène.

Après avoir pratiqué les 5 insufflations :

7. Évaluer la circulation. Observer et rechercher les signes de vie pendant moins de 10 secondes. Dès que c’est possible, analyser le rythme cardiaque (avec un scope ou un défibrillateur automatisé externe).

Un enfant inconscient, qui ne respire pas et n’a pas de signe de vie est en arrêt cardiaque. Noter l’heure et commencer le massage cardiaque externe.

8. Massage cardiaque externe (MCE) : mettez l’enfant sur un plan dur, les voies aériennes ouvertes. Les compressions thoraciques s’effectuent sur le sternum, au milieu du thorax, à un rythme de 100 par minute et se poursuivent en alternant 15 compressions et 2 ventilations, quel que soit l’âge de l’enfant.

Après une minute de réanimation, réévaluer l’enfant. En l’absence de signe de vie, si l’aide médicale urgente n’a pas été activée, donner l’alerte.

9. Activer l’aide médicale urgente. Présentez-vous, indiquez le lieu et la raison de votre appel. Assurez-vous que le message a été bien compris avant de raccrocher.

La réanimation cardio-pulmonaire ne doit pas être interrompue.

10. Poursuivre la réanimation. Le professionnel le plus expérimenté dirige la réanimation et distribue les tâches. Pour éviter toute confusion, l’ordre doit être répété, exécuté avec calme et rapporté au chef d’équipe. Pour rester efficace, les rôles des sauveteurs sont interchangeables. Il faut se relayer pour le MCE toutes les deux minutes (soit huit cycles).

Dès disponibilité, analyser le rythme avec le scope ou le défibrillateur semi-automatique. En cas d’asystolie, le traitement médicamenteux est l’adrénaline.

11. Abord veineux et préparation de l’adrénaline : vérifier la voie veineuse. En l’absence d’abord veineux, préparez le matériel pour la mise en place d’une voie d’accès intra-osseuse. Préparer l’adrénaline (voir encadré ci-dessous).

En cas de trouble du rythme primaire (fibrillation ventriculaire ou tachycardie ventriculaire) :

12. Utiliser le défibrillateur automatisé externe (DAE) pour les enfants à partir de 1 an. Depuis le décret du 14 mai 2007, toute personne, même non médecin, est habilitée à utiliser des DAE.

Transmissions

Les actions entreprises doivent être communiquées à l’équipe de l’aide médicale urgente et rapportées dans le dossier médical.

Accompagnement des parents

Sans interférer avec la réanimation, dès que possible, un membre de l’équipe informe les parents avec empathie.

Comment rester performant dans cette prise en charge ?

→ Se former : connaître la procédure propre à l’établissement, s’appuyer sur des supports pédagogiques pratiques.

→ Réactiver régulièrement les connaissances selon les recommandations internationales.

→ Mettre en pratique les connaissances en équipe (simulation, évaluation des pratiques professionnelles, débriefing des situations vécues).

→ À savoir : afin d’optimiser la compréhension et la mémorisation des étapes de la chaîne de survie de l’enfant, un film pédagogique, Arrêt cardiaque de l’enfant, a été réalisé par des professionnels de santé exerçant en milieu pédiatrique. Disponible gratuitement sur Internet (2), il permet à tout professionnel de santé d’actualiser ses connaissances.

1– European Resuscitation Council : www.erc.edu. Lien direct : http://bit.ly/iwPKef. International Liaison Committee on Resuscitation : www.ilcor.org.

2– http://video.upmc.fr. Lien pour lire le film : http://bit.ly/12bQsjf. Pour le télécharger : http://bit.ly/18efgdY. Sur iTunes : http://bit.ly/11RAH2r. Sur www.espaceinfirmier.com (rubrique presse, L’Infirmière magazine puis Compléments d’article).

EN PRATIQUE

Utilisation de l’adrénaline en cas d’asystolie :

1– Préparer :

• Adrénaline (1 mg = 1 ml) +  9 ml de NaCl 0,9 %.

• Pour l’enfant < 10 kg, reconditionner l’adrénaline diluée dans une seringue de 1 ml.

• Étiquetez les seringues.

2– Vérifier la voie d’injection (veineuse ou intra-osseuse).

3– Injecter de l’adrénaline

• Posologie : 0,01 mg/kg soit 0,1 ml/kg d’adrénaline diluée.

• Sur prescription médicale, confirmez la posologie. Injectez, rincez avec 5 ml de chlorure de sodium (Na Cl) 0,9 %.

Confirmez l’injection et notez l’heure.

• Faire circuler : reprendre la réanimation cardio-pulmonaire pendant deux minutes (soit huit cycles).

4– Évaluer

• Après deux minutes, arrêtez-vous brièvement pour évaluer le rythme.

• S’il y a asystolie, reprenez la réanimation immédiatement et répétez l’adrénaline toutes les trois ou cinq minutes.

• Si le rythme cardiaque est organisé, recherchez un pouls central.