Éditorial
De façon récurrente, dans les hôpitaux, le bruit est incriminé par les patients. Récemment, un colloque sur les services supports en santé s’est fait l’écho de ce fléau bien ancré dans l’univers des soins. Depuis que les patients sont invités à répondre à des questionnaires de satisfaction, les plaintes sont enfin enregistrées. Ces doléances sont-elles l’expression d’une anxiété liée à la maladie ou à la crainte d’être mal soigné ? Des études scientifiques ont démontré que non. Objectivement, il est fréquent que le niveau sonore dépasse les limites recommandées par l’Organisation mondiale de la santé. L’arrêté du 25 avril 2003 relatif à la limitation du bruit dans les établissements de santé a, il est vrai, sensibilisé à la nécessité de construire les locaux hospitaliers avec des matériaux amortissant plus efficacement les émissions sonores. Dix ans plus tard, les cloisons sont peut-être plus étanches, mais le bruit gêne toujours moins celui qui le provoque que celui qui le subit. Autour du patient, inconsciemment, les professionnels haussent le ton pour surmonter les bruits environnants. De récentes recherches américaines ont mis en évidence des erreurs médicales provoquées par la déformation d’informations ou la difficulté à communiquer engendrées par le bruit ambiant. Quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit, le nombre de décibels peut atteindre des records détonants. Alarmes des appareils biomédicaux, discussions du personnel à trop haute voix, niveau sonore des téléviseurs, chariots qui se heurtent… Les sources d’inconfort sont multiples. Même si la notion de bruit est subjective, les effets sur la qualité du sommeil et la vigilance sont mesurables. De nombreux travaux auprès de nouveau-nés ou d’adultes l’attestent. Comment sensibiliser les étudiants, les visiteurs, les professionnels à cette notion de confort du patient, à la fatigue engendrée par le bruit, lorsqu’on est déjà fragilisé par un problème de santé ? Baisser la voix, porter des chaussures silencieuses, déplacer les objets discrètement, est-ce possible ou faut-il, une fois encore, légiférer sur le savoir-vivre ? Et le bien ne fait pas de bruit
(1) Saint François de Sales.