LE CHU D’ANGERS DONNE LE « LA » - L'Infirmière Magazine n° 323 du 15/05/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 323 du 15/05/2013

 

RECHERCHE PARAMÉDICALE

ACTUALITÉ

Convaincu de l’intérêt de la recherche paramédicale pour les patients comme pour les infirmières, le CHU d’Angers vient de doubler l’enveloppe de son appel à projets interne.

Les caméras de France 5 vont bientôt débarquer au CHU d’Angers (Maine-et-Loire) pour filmer le Babicoc®. Ce couffin, conçu pour maintenir immobiles les bébés qui doivent subir une IRM, leur évitant ainsi une sédation, voire une anesthésie générale, est issu d’une recherche menée par des infirmières et des techniciens d’imagerie angevins. La recherche paramédicale, c’est un sujet que Yann Bubien, qui dirige le CHU d’Angers depuis octobre 2011, connaît bien. Ancien conseiller au ministère de la Santé, il a participé au lancement des premiers programmes hospitaliers de recherche infirmière (PHRI)(1), en 2010. Il faut dire que le terrain était fertile dans cet hôpital : deux projets de recherche infirmière ont déjà été retenus au titre du PHRI 2010.

50 000 euros

Pour inciter les paramédicaux de l’établissement – infirmières, kinésithérapeutes, diététiciens, ergothérapeutes, techniciens d’imagerie médicale, orthoptistes – à se jeter à l’eau, l’hôpital angevin a lancé son propre appel à projets interne en 2012. « À ma connaissance, le CHU d’Angers est le seul établissement à avoir initié une démarche d’appel d’offres interne », avance Yann Bubien. Montant de l’enveloppe mise à disposition par le CHU : 25 000 euros. « Sur six projets présentés, trois ont été retenus, détaille Marie-Claude Lefort, directrice des soins et responsable du projet recherche au CHU. Un cadre de santé analyse actuellement les effets de l’aromathérapie sur les patients du service de cardiologie ; une infirmière puéricultrice étudie l’impact de l’allaitement maternel sur les bébés prématurés ; une infirmière socio-esthéticienne coordonne une recherche sur les bénéfices de la socio-esthétique chez les patients atteints de lymphome. » Les résultats de ces trois études sont attendus pour la fin de l’année. Pour aller plus loin, en 2013, le CHU a décidé de doubler l’enveloppe, qui passe à 50 000 euros. Une dizaine de projets ont d’ores et déjà été déposés.

Dégager du temps

Infirmière de formation, Marie-Claude Lefort a piloté l’une des deux études primées par le PHRI 2010. Elle portait sur les effets de l’hypnose sur les douleurs gynécologiques ambulatoires. Comment mène-t-on une recherche paramédicale ? « Le chef de projet, qui est toujours un paramédical, ne travaille pas seul : il peut choisir des investigateurs parmi les soignants paramédicaux ou les médecins. En moyenne, une dizaine de personnes sont mobilisées autour du chef de projet – dont cinq à six infirmières, assez souvent », détaille-t-elle. Afin de dégager du temps pour le chef de projet, l’hôpital attribue à son cadre de service des mensualités de remplacement supplémentaires. Reste à bien anticiper les absences des chefs de projet pour ne pas désorganiser les services concernés le temps de la recherche.

L’atout du CHU d’Angers, c’est son laboratoire de recherche, inauguré en 2005. « Il fournit une aide méthodologique et statistique aux porteurs de projets, précise Marie-Claude Lefort. Des data managers(2) apportent aussi leur concours et des infirmières de recherche clinique peuvent être mises à disposition. » Un des enjeux majeurs pour la recherche infirmière est la publication d’articles en anglais pour faire connaître les résultats à l’étranger. Là aussi, le laboratoire de la recherche peut apporter l’aide de ses traducteurs.

Valoriser l’expertise

« Il y a une attente très forte de la part des infirmières, estime Yann Bubien. La recherche représente pour elles un moyen de valoriser leur expertise tout autant qu’une opportunité de carrière. Et la démarche est très motivante : les chefs de projet communiquent sur leurs recherches en interne, dans les Ifsi… La France a pris du retard en matière de recherche paramédicale. Mais grâce aux PHRIP, le mouvement est en plein essor », se réjouit le directeur général. Pour marquer son engagement dans ce domaine, le CHU a organisé, en avril, les premières Journées francophones de la recherche en soins(3). Pendant deux jours, près de 500 paramédicaux venus du monde entier se sont retrouvés à Angers pour présenter leurs recherches et échanger sur leurs expériences. La prochaine édition de ces journées est prévue pour avril 2015.

1– Devenus par la suite « programmes hospitaliers de recherche infirmière et paramédicale » (PHRIP).

2– Les data managers sont chargés de gérer les données de recherche.

3– Pour en savoir plus : www.chu-angers.fr/?IDINFO=200_30421.