L'infirmière Magazine n° 323 du 15/05/2013

 

SUISSE

ACTUALITÉ

Une étude menée dans les hôpitaux de Genève a montré qu’un équivalent temps plein infirmier consacre 50 minutes par jour à l’informatique.

Depuis une vingtaine d’années, l’informatique se développe dans les hôpitaux. À tel point que certaines soignantes se plaignent de passer « tout leur temps » devant un écran, « au détriment des soins directs aux patients ». Afin de mesurer le temps qu’infirmières, sages-femmes et aides-soignantes consacrent aux tâches informatiques, une étude a été menée entre 2009 et 2010 dans quinze unités de soins des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Les mesures ont été effectuées un jour où la charge de travail était représentative. Verdict : dans chaque service, 1,09 équivalent temps plein (environ 7 h 40 par jour) a été mobilisé, en moyenne, entre 6 heures et 23 heures. Ce sont les infirmières qui paient le plus lourd tribut à l’informatique : leur travail de saisie, consultation et édition représente 60 à 90 % du temps passé par les soignantes devant l’écran. Les aides-soignantes arrivent en deuxième position, leur contribution informatique représentant jusqu’à 30 % du temps total mesuré en gériatrie.

En moyenne, chaque équivalent temps plein infirmier(1) consacre 50 minutes par jour aux tâches informatiques. Rapporté au nombre de personnes hospitalisées dans l’unité au moment des mesures, cela représente 31 minutes par patient et par jour. Le renseignement du dossier patient intégré concentre 80 % du temps passé par les infirmières devant l’écran. Il s’agit essentiellement des transmissions, de la planification des soins au patient, des prescriptions de soins autonomes et du relevé des prescriptions médicales. Les 20 % restants concernent les autres applications informatiques : laboratoire, examen, transport, commande des repas, approvisionnement en médicaments et matériels, etc.

Sous-évalué

Le temps passé à compléter le dossier informatique du patient est « sous-évalué » par le logiciel estimant la charge de travail dans les soins infirmiers(2), soulignent les auteurs de l’étude, François Genoud, infirmier, et Pierre Brennenstuhl, directeur adjoint des soins aux HUG. Ce logiciel mesure les minutes de soins directes et indirectes ainsi que le temps consacré à la communication, aux déplacements et aux activités logistiques. Ces « temps afférents », dont font désormais partie les tâches informatiques, n’ont pas été réévalués depuis une vingtaine d’années.

1– Hors étudiants et infirmières responsables d’unité de soins.

2– La méthode PRN (projet de recherche en nursing) mesure la « charge en soins », soit l’adéquation entre la demande en soins et l’offre en personnel.