L'infirmière Magazine n° 323 du 15/05/2013

 

ONCOLOGIE

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES … COLLOQUES

Traitement de la douleur, entretiens infirmiers… plusieurs iniatives de terrain étaient à l’honneur lors des 16es Rencontres infirmières en oncologie (RIO), fin mars à Paris.

« Quand les patients sont apaisés, tout le monde en bénéficie : la personne, sa famille, mais aussi l’équipe », a souligné Alexia Boulanger, infirmière à l’Institut Paoli-Calmettes (IPC, Marseille) lors des Rencontres infirmières en oncologie (RIO) organisées fin mars par l’Association française des infirmières de cancérologie. Cette 16e édition a notamment mis en lumière deux initiatives destinées à améliorer le vécu des patients.

Le kinésithérapeute Patrick Foucher a développé à l’IPC une nouvelle méthode, la résonance énergétique par stimulation cutanée (Resc)(1), à partir de son expérience en médecine traditionnelle chinoise. Ce toucher, fondé sur la connaissance des méridiens qui traversent le corps et dont la perturbation crée des déséquilibres, a montré son utilité dans le cadre de situations pathologiques douloureuses. « Après la séance, nous avons montré une diminution de 1 à 3 points du score sur l’échelle EVA(2) de la douleur », assure Patrick Foucher. La méthode est actuellement enseignée dans les instituts de cancérologie de Marseille, Avignon et Gardanne (Bouches-du-Rhône) ainsi que dans des Ifsi. « Je le propose en situation palliative, explique Alexia Boulanger, formée à la méthode Resc. Il permet d’améliorer la tolérance aux traitements, la symptomatologie réfractaire et la qualité de vie dans son ensemble. Des personnes évoquent une sensation de paix intérieure pendant et après la séance, qui dure vingt minutes. Elles dorment mieux, ne demandent plus de morphine. »

Entretien décisif

Au centre de lutte contre le cancer (CLCC) Henri-Becquerel, à Rouen, deux postes d’infirmière coordinatrice ont été créés dans le cadre du programme personnalisé de l’après-cancer. Quatre entretiens infirmiers sont prévus dans le parcours de soins des patientes atteintes de cancer du sein. Le dernier entretien, réalisé après la consultation médicale de fin de traitement, a été lancé il y a tout juste un an. Résultat : des complications mieux identifiées et des orientations vers les soins de support plus fréquentes qu’après le seul entretien médical. Une enquête auprès de 177 femmes a montré que 91 % d’entre elles estiment que cette consultation leur a fourni les réponses qu’elles cherchaient. Du côté des médecins traitants, qui prennent le relais après la prise en charge hospitalière, tous ont jugé l’envoi des documents de synthèse par l’infirmière coordinatrice utile et adapté. 83 % ont déclaré qu’ils comprenaient mieux la phase de surveillance dans laquelle leur patiente entrait. Reste à créer un lien entre médecins libéraux et structures de soins de support en ville. Une belle réussite qui gagnerait à être diffusée largement.

1– En savoir plus sur la méthode : www.resc.fr.

2– Échelle visuelle analogique.

CHIMIOTHÉRAPIE

PROTÉGER LES SOIGNANTS

L’utilisation de tubulures préalablement purgées avec un diluant lors de la préparation des chimiothérapies permet de réduire de moitié la présence de molécules sur les gants des soignants. Elle diminue aussi considérablement la quantité de produit transféré (1 350 ng contre 10 800 ng), selon une étude menée dans huit CLCC et présentée aux RIO. « Si les effets de l’exposition des professionnels aux produits de chimiothérapie sont assez peu documentés, on a quand même enregistré des irritations des muqueuses nasales, des céphalées, des rougeurs cutanées, des vertiges, des sensations ébrieuses, des douleurs épigastriques, des altérations hépatiques et des allergies respiratoires », a rappelé Bertrand Favier, pharmacien au CLCC Léon-Bérard, à Lyon. L’application du principe de précaution est donc de mise. En France, depuis 2006, aucun de ces traitements considérés comme mutagènes, carcinogènes et tératogènes ne doit être préparé hors d’une pharmacie à usage intérieur. « L’usage des gants est important, car il permet d’éviter l’exposition cutanée des soignants », a insisté Bertrand Favier.