L'infirmière Magazine n° 324 du 01/06/2013

 

ACTUALITÉ

CHRONIQUE

Attendue avec impatience par les infirmiers, la réforme LMD soulève, pourtant, de nouvelles problématiques liées à l’encadrement des futurs professionnels. Avec le nouveau référentiel, l’enseignement théorique des étudiants en soins infirmiers (ESI) n’est plus structuré autour des « appareils » (cœur, poumons, reins…), comme avant, mais autour de compétences « cœur de métier » ou « transverses », communes à certaines professions paramédicales. Pour les professionnels de terrain, la question qui se pose aujourd’hui est de savoir quelle attitude adopter, par exemple, face à un ESI de 3e année en service de réanimation cardiaque. Car ses connaissances théoriques ne sont plus en adéquation avec les exigences du lieu de stage. L’absence de module de réanimation, de connaissances sur les appareils utilisés, et leur incapacité à établir des liens entre l’état du patient et les soins à lui prodiguer rendent les étudiants infirmiers peu ou pas opérationnels. Ce manque de connaissances induit une forme de « méfiance » des cadres et IDE du service, qui ne laisseront que peu de marge de manœuvre aux ESI dans leur apprentissage pratique. Cette attitude ne les aide certainement pas à acquérir l’assurance indispensable pour être un bon soignant. J’imagine qu’à l’issue de ce stage en réanimation, ils n’auront pas envie d’y travailler. Nous sommes face à un double effet pervers : les faiblesses du nouveau référentiel placent les ESI dans une situation difficile dans nos services, et l’attitude des infirmiers qui les encadrent les en détournent d’autant plus… Cette nouvelle formation n’est pas adaptée aux étudiants qui ne font pas preuve d’une curiosité intellectuelle suffisante pour s’armer des connaissances théoriques les familiarisant avec un lieu de stage qui peut se révéler difficile, stressant et déstabilisant.