PÉDIATRIE
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DU CÔTÉ DES … ÉTABLISSEMENTS
Pour en finir avec les examens illisibles, une équipe pluridisciplinaire du CHU d’Angers a conçu un couffin permettant d’immobiliser et de tranquilliser les nourrissons passant des IRM.
Site de référence pour la neuropédiatrie dans la région des Pays de la Loire, le CHU d’Angers (Maine-et-Loire) accueille, chaque mois, 80 enfants venus passer une IRM. Une dizaine d’entre eux ont moins de 6 mois. Pour mener à bien l’examen avec des nourrissons de cet âge, le personnel emploie souvent « des recettes locales », selon les termes de Jacques Guyard, cadre de santé en imagerie. Certains soignants donnent un biberon au bébé juste avant l’examen, tandis que d’autres l’emmaillotent ; d’autres, encore, recourent à la sédation.
« Mais, nous nous sommes rendu compte que dans notre service, nous avions 30 % d’échecs », reconnaît Jacques Guyard. Des résultats rendus ininterprétables car les bébés étaient trop agités pendant l’IRM. « Ces échecs provoquaient beaucoup de stress chez le personnel soignant mais aussi de la colère, du désespoir et de l’incompréhension chez les parents », reprend le cadre de santé. Car, un examen qui échoue est synonyme de nouveau rendez-vous, éloigné dans le temps. « Cela nous posait vraiment des problèmes de reprogrammation, de coût et d’organisation. »
Quant à l’anesthésie générale chez le nourrisson, très risquée, elle reste exceptionnelle pour ce genre d’examen. Jacques Guyard et une équipe pluridisciplinaire composée de Delphine Delacroix, cadre de santé en pédiatrie, et de Sylvie N’Guyen, professeur en neurochirurgie pédiatrique, ont donc travaillé ensemble afin de tracer le chemin clinique de l’enfant. « Nous avons d’abord cherché à manipuler le moins possible le nourrisson durant ce chemin clinique. Et l’idée d’une coque, où serait installé confortablement l’enfant dès sa prise en charge, nous est apparue intéressante », explique Jacques Guyard. En 2010, des recherches ont commencé au sein du service, encouragées par la direction du CHU, qui finance chaque année des projets de recherche paramédicale. Le fruit de ces travaux, un couffin pour l’IRM des bébés, baptisé Babicoc®, a d’ailleurs été dévoilé à l’occasion des premières Journées francophones de la recherche en soins, mi-avril. Ne contenant aucun métal et conçue avec des produits amagnétiques, la coque est compatible avec les machines IRM. Un brevet a été déposé. Le Babicoc® est aujourd’hui systématiquement utilisé au CHU pour les nourrissons de quelques jours à 6 mois.
Pendant tout le temps de l’examen, les parents restent à proximité de l’enfant. La maman nourrit le bébé, qui s’endort tranquillement dans ce couffin enveloppant et rassurant. La position permet aussi d’éviter les phénomènes de régurgitation, qui pourraient réveiller le nourrisson. Amandine Cailleau, infirmière au service d’imagerie médicale, l’utilise depuis peu. « Cela améliore le confort de l’enfant, estime-t-elle. Nous faisons en sorte que l’examen se passe bien, pour lui et ses parents. Il y a également la satisfaction personnelle de voir que le taux d’échec a considérablement diminué. » La proportion d’examens illisibles a, en effet, diminué. « Nous sommes passés de 30 à 5 % d’échec, relève Jacques Guyard. Ce système permet d’obtenir une sédation naturelle, afin que le bébé puisse rester endormi. » L’équipe de Jacques Guyard souhaite démontrer, dans le cadre du programme hospitalier de recherche infirmière et paramédicale (PHRIP), que son invention permet de faire baisser le taux d’échec de façon significative. « Si nous obtenons les financements, nous travaillerons de façon multicentrique, avec un attaché de recherche clinique », annonce le cadre de santé. Le centre hospitalier de La Rochelle et le CHU de Rennes sont, d’ores et déjà, prêts à tenter l’expérience. « Avec le Babicoc®, nous proposons toute une procédure, que nous avons appelée “Imanou”, pour “imagerie” et “nourrisson”. Nous aimerions qu’elle soit commune à tous les sites d’IRM », commente Jacques Guyard. Pour en finir avec « les recettes locales ».