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Le CH de Roubaix va recruter deux infirmières qui ont suivi leur formation à l’anesthésie en Belgique. Celle-ci dure un an, contre deux en France. Pour le syndicat des Iade, l’exclusivité d’exercice est remise en cause.
Le syndicat national des infirmiers anesthésistes (Snia) s’est ému, en mai, du projet du centre hospitalier de Roubaix de recruter deux infirmières ayant suivi leur formation en anesthésie en Belgique. Une formation qui dure un an et permet d’accumuler 60 crédits ECTS, contre deux ans et 120 ECTS pour la formation française, reconnue de grade master. Pour Simon Taland, secrétaire général du Snia, la formation belge ne peut en aucun cas être considérée comme équivalente de celle dispensée en France, et les infirmières ainsi recrutées ne peuvent exercer en tant qu’Iade. Le rôle des infirmières anesthésistes n’est pas le même des deux côtés de la frontière. « Là où l’infirmier à spécialité belge “aide”, l’Iade “réalise”. Là où l’infirmier à spécialité belge “participe à l’anesthésie”, l’Iade “applique les techniques d’anesthésie” », précise le syndicat dans un communiqué. Permettre aux soignantes belges d’exercer en France « remettrait en cause l’exclusivité d’exercice » des Iade, acquise de haute lutte.
Le syndicat voit dans cette démarche de l’hôpital de Roubaix un moyen de développer ses compétences infirmières en anesthésie à un moindre coût. L’établissement, qui emploie déjà des professionnels européens, et notamment belges, explique sa démarche par sa difficulté à recruter des Iade en France et par le souci de « garantir l’activité chirurgicale ». Les deux infirmières concernées seront embauchées à l’issue de leur formation, en juillet, à l’échelon d’une IDE sans expérience selon la grille de la fonction publique hospitalière. Elles exerceront en salle de réveil en tant qu’IDE, rassure le directeur des soins. Elles doivent, en effet, faire évaluer au préalable leurs compétences en anesthésie par une commission ad hoc au regard du diplôme d’Iade délivré en France. Une démarche prévue dans le cadre des accords européens sur l’équivalence des diplômes
Cette évaluation doit être engagée individuellement par les infirmières auprès des Directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS), indique Olivier Grigny, vice-président de l’Ordre national des infirmiers, et lui-même Iade. Si la formation n’est pas considérée comme équivalente de celle qui est exigée en France, la commission peut lui signifier un refus, lui proposer de suivre un stage d’adaptation ou bien de passer un test d’aptitude. Quelle que soit l’issue de la démarche, estime le directeur des soins, la compétence en anesthésie des infirmières en salle de réveil sera accrue par la présence de ces soignantes, « ce qui permettra le retrait d’un ou deux Iade en toute sécurité pour les concentrer en salle d’intervention ». L’hôpital, qui ne renonce pas à recruter des infirmières formées à l’anesthésie en Belgique, en sollicitant de nouveau une équivalence, prévoit aussi d’embaucher des Iade formées en France, d’augmenter le nombre d’IDE candidates aux études d’Iade et le nombre de prises en charge des études au titre de la formation professionnelle. Le Snia a écrit à la DGOS, il se montrera très « vigilant ».
1. Articles R. 4311-35 à 36 du Code de la santé publique.