L'infirmière Magazine n° 326 du 01/07/2013

 

ACTUALITÉ

CHRONIQUE

STÉPHANE MOIROUX  

Voilà un an qu’un « staff » sur les prises en charge a été mis en place au sein de notre unité de long séjour. Les orientations de soins et autres interrogations éthiques, jusque-là réservées aux seuls médecins, peu discutées, voire imposées, sont, depuis, posées sur la table de la pluridisciplinarité. Le « staff » tente le consensus et chacun tâche d’y être entendu.

Mais, après une année de réunions, je m’interroge sur la place prise par l’infirmier au sein de ce groupe de réflexion. Naturellement, ce dernier est « nommé » rédacteur-secrétaire de ce rendez-vous hebdomadaire. Quand il ne se désigne pas lui-même. L’infirmier présente la situation du patient et retranscrit consciencieusement les dires de chacun. Ce rôle, de par l’attention nécessaire à l’écriture et son positionnement physique – caché derrière un ordinateur, hors du cercle – ne permet pas une réelle présence au « staff ». En raison de notre héritage de soumission à l’autorité médicale et d’une tradition d’écoute profondément ancrée dans notre pratique, l’infirmier est bien souvent rassuré de cette « autre chose à faire » qui lui évite de prendre la parole. Et pourtant, notre profession mérite de se faire entendre. Forts de notre regard et de notre positionnement auprès du patient, nous demeurons les spécialistes du quotidien et de la proximité. Parfois confidents du malade, et bien souvent plus présents auprès de lui que les autres spécialistes de l’équipe pluridisciplinaire, nous devenons, en quelque sorte, le relais de ses propos et de ses besoins lors des rencontres de soignants. Alors, osons, pour un temps au moins, laisser de côté le confort de l’écoute et prenons le risque de la parole.