HYGIÈNE À L’HÔPITAL
ACTUALITÉ
DU CÔTÉ DES… COLLOQUES
Le congrès de la Société française d’hygiène hospitalière, fin mai à Paris, a permis de souligner la corrélation entre le sous-effectif infirmier et l’augmentation du risque infectieux nosocomial.
S’il est impossible d’éliminer complètement le risque infectieux en milieu hospitalier, une bonne organisation des soins suffit à le réduire considérablement. C’est ce qu’ont tenté de démontrer les spécialistes présents au XXIVe congrès de la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H). Le premier facteur de risque infectieux serait, selon eux, la surcharge de travail des soignants. « Une étude de 2012 montre une association entre le ratio patients-infirmières et les infections, a affirmé Christian Auboyer, chef du service de réanimation du CHU de Saint-Étienne (Loire). Elle a aussi mis en évidence qu’une réduction de 30 % du burn out des infirmières permettait d’éviter 6 239 infections sur les 161 hôpitaux étudiés. » Une autre étude a montré qu’un ratio infirmières/patients élevé, supérieur à 2,2 infirmières pour la journée, permettait de réduire de 26,7 % le nombre d’infections associées aux soins. « L’augmentation de l’effectif est d’autant plus efficace que les pathologies traitées sont graves », a souligné Christian Auboyer. Par ailleurs, l’allongement de la durée de travail pose problème. « Beaucoup de services sont passés en 12 heures, a rappelé le chef de service. Or, quand les soignants travaillent plus de 8 h 30 d’affilée, le risque relatif augmente considérablement. » Une tendance encore plus nette observée au-delà de 12 h 30 de travail continu. Comment, alors, assurer le fonctionnement optimal d’un service ? Pour Alain Bentounsi, directeur des soins à l’AP-HP, la maîtrise du risque infectieux passe par une meilleure formation des soignants. « L’intégration des nouveaux professionnels est très importante, a-t-il expliqué. Chez nous, les infirmières bénéficient d’un passeport qui leur permet de revisiter un certain nombre de thématiques majeures, dont celle de l’hygiène hospitalière. »
Autre maillon essentiel de la chaîne de l’hygiène hospitalière : le binôme cadre de santé-responsable médical, qui assure la régulation des admissions et donc les conditions – humaines et matérielles – de la prise en charge. « Les réseaux intégrant des correspondants hygiène fonctionnent aussi très bien, même si les paramédicaux sont souvent plus impliqués que les médicaux. » Alain Bentounsi a préconisé la définition de projets avec des objectifs précis en termes d’hygiène. « Dans mes hôpitaux, j’ai fait évoluer le rôle des cadres supérieurs de santé sur du pilotage de projets, en gestion des risques et en formation, a-t-il déclaré. Ils sont très au fait des recommandations de bonnes pratiques. » Pour finir, il a évoqué une expérience menée depuis un an à l’AP-HP : une fois par semaine, des flashs d’infos de 15 à 20 minutes sont diffusés dans les services. « Impossible d’organiser aussi souvent des réunions. Or, il faut que l’information, notamment sur le risque infectieux, circule en continu. »
Des patients fragiles, des soignants en temps partagé qui risquent de propager des germes d’un établissement à l’autre… Dans les Ehpad, le risque infectieux est encore plus difficile à maîtriser qu’à l’hôpital. « Dans le médico-social, il existe des recommandations de bonnes pratiques, mais pas de référentiel national, comme le manuel de certification HAS dans le secteur sanitaire », a déploré Christine Passerat-Boulade, directrice qualité du groupe Noble Age. « En outre, le fréquent glissement de tâches entre médecins, infirmières et aides-soignantes pose problème », a ajouté Benoît de Wazières, chef du service gériatrie au CHU de Nîmes (Gard). Christine Passerat-Boulade a conseillé l’usage d’outils de cotation, tel que le document d’analyse du risque infectieux, permettant de s’interroger sur les pratiques ou l’entretien du matériel, des tenues… « On pourrait aussi flécher un poste qualité, a-t-elle suggéré. Peut-être obtiendrions-nous davantage de temps infirmier ? » H. C.