On va revenir avec des Kalash’, on va vous trouer la peau. » Vous pensez peut-être à une réplique du film La haine ? Eh bien non, il s’agit d’une menace proférée par un patient à l’encontre d’un médecin urgentiste de l’hôpital Nord de Marseille, en mars dernier… L’arrêt de travail prescrit par le médecin était un peu trop court à son goût. Fait assez exceptionnel, argumenterez-vous. Pas du tout. Les signalements de violences par les établissements de santé ont presque doublé en 2012, d’après le rapport 2012 de l’Observatoire des violences en milieu de santé (voir pages 6 et 7 du magazine). Dans la grande majorité des cas, le personnel soignant en est victime, et les patients, instigateurs.
Faut-il s’alarmer de cette évolution brutale, instaurer des modules de self-défense dans la formation des soignants, et développer des blouses-armures résistant à toute agression venue de l’extérieur ? Ou alors doter les services les plus exposés de caméras de surveillance reliées à des services de police ou de sécurité, malgré la menace que la télésurveillance peut constituer pour la protection de la liberté de chacun et des données de santé ? Faut-il sécuriser l’accès des services par des systèmes biométriques contraignants, faisant ainsi évoluer l’hôpital hospitalier vers un hôpital bunker ? Ou rendre sa blouse, en quête d’un milieu de travail moins hostile ?
Outre le fait que ce constat de forte augmentation de la violence provient de certains biais liés à la mise en place, en janvier 2012, d’un nouvel observatoire, dont le système déclaratif est plus simple et incitatif, ne faut-il pas, de toute manière, s’interroger sur les causes liées au système hospitalier ?
La maladie, la souffrance et la douleur ne sont-elles pas, déjà, une violence pour l’homme ? Et la dureté de la société, renforcée par la crise actuelle, une violence supplémentaire ? Que dire des nombreux services hospitaliers de plus en plus fréquentés, mais fragilisés car chroniquement sous-dotés ? Faut-il s’étonner que l’homme, déstabilisé par tant de violences, y réponde par… de la violence ?