PASSE TON BAC D’ABORD - L'Infirmière Magazine n° 327 du 15/07/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 327 du 15/07/2013

 

QUÉBEC

ACTUALITÉ

L’Ordre des infirmières du Québec milite pour que leur « baccalauréat », formation universitaire en trois ans, devienne obligatoire. Les syndicats redoutent plus de pénurie.

Au Québec, le baccalauréat en sciences infirmières pourrait devenir l’unique porte d’entrée pour la profession. C’est ce que réclame l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), qui a publié une analyse des coûts-bénéfices du rehaussement de la formation de la « relève ». Le développement des maladies chroniques, le vieillissement de la population et les avancées technologiques demanderont « beaucoup d’autonomie à l’infirmière », met en avant l’OIIQ, qui a engagé une campagne de lobbying auprès du gouvernement de la province canadienne il y a un an.

Alors que le champ d’exercice des soignantes s’est élargi (ajustement des traitements, par exemple), aucune heure de formation n’a été ajoutée au diplôme d’études collégiales (DEC) depuis quarante ans. Cette formation en trois ans (niveau bac+1 français), qui permet d’être infirmière technicienne, reste la norme. Seules 35 % des soignantes québécoises ont un baccalauréat, formation universitaire en trois ans, qui permet d’accéder aux statuts et responsabilités de l’infirmière clinicienne(1). Malgré la mise en place d’un cursus DEC+BAC en cinq ans, le Québec accuse un retard par rapport au reste du Canada ou aux États-Unis, dont la proportion d’infirmières très qualifiées est plus importante.

Economies

Or, « une masse critique d’infirmières formées au baccalauréat » serait «  la clé de la transformation du système de santé », en permettant « une meilleure accessibilité des soins de première ligne », insiste l’OIIQ dans un communiqué. En outre, une économie entre 498 et 880 millions de dollars (entre 384 et 679 millions d’euros) pourrait être réalisée entre 2019 et 2027, estime l’Ordre. Il donne l’exemple suivant : « dans la région de Chaudière-Appalaches, l’arrivée d’infirmières qui font le suivi des malades chroniques complexes a beaucoup réduit leurs hospitalisations (entre 21 et 44 %) ».

Cet argumentaire n’a pas convaincu les syndicats. La Centrale des syndicats du Québec estime que le réhaussement de la formation pourrait aggraver la pénurie de soignantes : outre qu’elle retarderait l’arrivée sur le marché des nouvelles diplômées, cette « solution-miracle du baccalauréat » pourrait dissuader certaines candidates d’entamer une formation de cinq ans. S’inquiétant du devenir des infirmières techniciennes, les syndicats mettent l’accent sur la nécessité de développer la formation continue.

« Les simulations de l’OIIQ démontrent que l’effectif ne sera jamais moins élevé que maintenant, soit 72 000 personnes », soutient l’instance ordinale, qui propose de créer un statut d’interne pour permettre aux nouvelles diplômées du DEC de travailler avant la fin du cursurs. Le gouvernement québécois devrait trancher cet automne.

1– Coordination, éducation thérapeutique, prévention, santéau travail, exercice en centre communautaire, etc.