Vigilance sous surveillance - L'Infirmière Magazine n° 327 du 15/07/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 327 du 15/07/2013

 

Éditorial

La sécurité des personnes mentalement défaillantes n’est pas qu’une affaire de mots. Pour y répondre, une application technologique a fait son apparition : la géolocalisation. Mais comment poser les limites de l’entrave à leur liberté ?

Michèle Delaunay, ministre déléguée chargée des Personnes âgées et de l’Autonomie, et le CNBD(1) ont demandé à des experts de réfléchir à l’élaboration d’une charte de bonnes pratiques, qui garantirait un cadre juridique et éthique aux personnels chargés de mettre en œuvre les nouvelles technologies au service de la gérontologie. Ce document devra être le fruit d’un processus d’actualisation et d’améliorations continues qui, nous sommes en droit de l’espérer, devrait laisser leur place légitime aux représentants des usagers. La géolocalisation doit permettre de concilier une autonomie optimale des personnes vulnérables avec une plus grande sérénité de l’entourage. Ne pouvant toutefois remplacer l’importance de la relation humaine, cette technique se situe à la frontière de l’intimité, de la dignité et de la liberté des personnes en difficulté. Elle ne peut être mise en œuvre sans impliquer la personne elle-même, en fonction de ses facultés intellectuelles, ou ses proches, et dans tous les cas sans que soit expressément défini un cadre juridique et éthique protégeant les professionnels à l’initiative de la décision. Dans une période, où ressurgit Big Brother sous les traits de la NSA, qui s’intéresse à chacun des faits et gestes de nos puissants, nul ne peut prendre à la légère les capacités de nuisance sous-jacentes de ces technologies numériques mises au service des causes les plus magnanimes.

Laissons le groupe de travail de la CNBD nous livrer ses premières réflexions, et profitons de cette période estivale pour livrer aux grandes oreilles de la NSA le doux bruit des vagues en fond sonore de nos conversations téléphoniques…

1– Conseil National de la Bientraitance et des Droits.