VIH/SIDA
ACTUALITÉ
DU CÔTÉ DES… COLLOQUES
Le colloque annuel de l’association de lutte contre le sida Aides, organisé en juin, à Bobigny (93), s’est penché sur les inégalités d’accès au dépistage en banlieue parisienne.
Des quartiers très favorisés ont de mauvais taux de recours au dépistage, et vice versa », a déclaré d’emblée Thierry Chauvin, directeur de recherche à l’Inserm
Pour Arnaud Veisse, directeur du Comité médical pour les exilés (Comede), le problème culturel n’existe pas. « Ce qu’il faut, ce sont des interprètes pour parler aux migrants dans une langue qu’ils maîtrisent », soutient le médecin. 42 % des consultations réalisées dans son institution sont accompagnées par un interprète. « Les problèmes d’accès aux soins concernent surtout les étrangers irréguliers présents sur le territoire depuis moins de trois mois », remarque-t-il. Et de rappeler que si l’actuel gouvernement a abrogé la cotisation annuelle d’accès à l’aide médicale de l’état (AME), il a conservé les trois premiers mois de carence, durant lesquels il est de plus en plus difficile d’accéder à des soins (lire encadré). « Nous notons de réels progrès dans la prise en charge des patients séropositifs, mais les pathologies chroniques et psychiques sont totalement ignorées chez les exilés », ajoute le médecin. Par ailleurs, seules 11 % des personnes reçues au Comede ont bénéficié d’un bilan de santé adapté à l’épidémiologie de leur pays d’origine. Enfin, Thierry Brigaud, président de Médecins du monde, a attiré l’attention sur « l’aggravation des retards de soins » des populations qui fréquentent les centres d’accueil de soins et d’orientation de l’ONG, à Paris comme en banlieue. « Ils concernent un tiers de nos patients, constate le praticien. Nous connaissons une augmentation considérable du nombre de patients – 40 000 consultations annuelles – avec déjà 2 800 mineurs pour cette année. » Des enfants et des adolescents qui, pris en charge de droit par la protection sociale française, ne devraient jamais avoir recours aux consultations des ONG.
1– Institut national de la santé et de la recherche médicale.
2– L’objectif de cette analyse est de comparer les caractéristiques socio-sanitaires de trois sous-groupes de la population : résidents des zones urbaines sensibles, des quartiers ouvriers et des quartiers de type moyen ou supérieur.
Le Comede alerte sur les refus de soins dans les établissements hospitaliers. « à mai 2013, une trentaine de situations sont documentées, suite au comportement de médecins, d’assistantes sociales ou de gestionnaires des hôpitaux à l’égard de personnes récemment arrivées en France », a relevé Arnaud Veisse, le directeur. Des patients atteints d’un cancer sont, ainsi, privés d’une intervention chirurgicale nécessaire ou priés de payer à l’avance leurs séances de chimiothérapie ; d’autres, atteints de maladies chroniques, ne sont pas dirigés vers la permanence sociale qui permettrait d’ouvrir leurs droits. Quant aux étrangers en situation irrégulière qui sont sur le territoire français depuis moins de trois mois, ou qui dépassent le plafond de l’AME, ils pourraient avoir droit au Fonds pour les soins urgents et vitaux. Mais, selon Arnaud Veisse, les médecins rechigneraient à rédiger le certificat médical nécessaire, « en dehors des situations où le pronostic vital est engagé de manière imminente ».