L'infirmière Magazine n° 328 du 01/09/2013

 

ACTUALITÉ

CHRONIQUE

Parmi tous les professionnels de santé œuvrant chaque jour auprès de nos concitoyens, j’ai une pensée particulière pour ceux qui exercent en Ehpad. Au sein d’établissements globalement peu dotés en effectifs, leur mission auprès d’une population vulnérable demande investissement, qualité d’écoute et empathie. Dans la tendance actuelle à remettre en cause l’impôt et la solidarité nationale, un hebdomadaire(1) publiait récemment une lettre adressée au président de la République par une étudiante de 20 ans, qui expliquait « pourquoi [elle aimerait] faire sa vie ailleurs qu’en France ». Cette étudiante, en 2e année de licence d’histoire à la Sorbonne (Paris), écrit : « Mon travail et mes impôts vont devoir également payer vos retraites, que vous n’avez pas pris la peine de constituer, et puis aussi tous les frais de santé et de dépendance de toutes ces personnes âgées que vous allez devenir et qui, dans moins de vingt ans, seront majoritaires dans le pays. Du coup, que me restera-t-il comme argent pour vivre convenablement et élever mes enfants ? »

Cette prise de position percute notre construction sociale et questionne la pérennité du financement de son système de solidarité par la contribution de chacun. Choisir de quitter le pays plutôt que d’accepter de financer une qualité de vie pour nos aînés illustre bien le risque majeur que cet individualisme exacerbé fait courir à notre système de prise en charge. Par leurs témoignages, les professionnels de santé ont un rôle à jouer, en permettant à chacun de retrouver le sens des choses : chaque vie est respectable, sa dignité doit être préservée, et chaque citoyen a bénéficié, bénéficie ou bénéficiera de la solidarité financée par l’impôt. Celle-là même qui permet de faire des études à la Sorbonne avec des frais universitaires raisonnables…

1– Le Point, 02/05/13. http://bit.ly/11YGFzR