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DU CÔTÉ DES … ÉTABLISSEMENTS
De mauvaises relations entre collègues peuvent être source de souffrance et nuire aux patients. Le personnel de la clinique François-Chénieux, à Limoges, a réalisé des films de sensibilisation mettant en scène des Playmobil®. Une initiative récemment primée.
Qu’est-ce que la bientraitance des collègues ? Le personnel de la clinique François-Chénieux, à Limoges, s’est sérieusement penché sur la question. Une réflexion qui a abouti à la réalisation de cinq petits films, modestes mais parlants. Des Playmobil®, déplacés par les soignants, jouent les rôles des infirmières, des brancardiers ou encore des secrétaires. Les décors sont dessinés au feutre noir sur une feuille blanche. Ces saynètes invitent chacun à s’interroger sur son comportement au quotidien avec les collègues, parfois malveillant. Cette initiative a été récompensée lors de la 6e édition des Trophées de l’hospitalisation privée, décernés par la FHP
La clinique mène depuis plusieurs années des actions de prévention de la maltraitance. Un groupe « bientraitance » a d’ailleurs été constitué en 2010. Fort d’une dizaine de membres, il réunit la directrice des soins, Catherine Fournet, des infirmières, des aides-soignantes, un brancardier… Un premier travail centré sur la bientraitance des patients s’est conclu par la rédaction d’une charte, diffusée dans les différents services de l’établissement. Le groupe a ensuite décidé de décortiquer les mauvais traitements infligés aux collègues. Objectifs affichés : favoriser les échanges entre les équipes, augmenter l’esprit de cohésion.
Pour cela, les membres du groupe ont commencé par se remettre en mémoire les actes de maltraitance auxquels ils avaient pu être confrontés sur leur lieu de travail. « On a listé tout ce que l’on avait pu entendre ou voir dans les couloirs, les vestiaires… », raconte Aude Guilmard, infirmière en rhumatologie. Là, une critique sur le physique d’une infirmière ; ici, une remarque désobligeante sur le manque de vivacité d’une aide-soignante… « Nous avons sélectionné les situations redondantes qui parlaient à tout le monde, poursuit Catherine Fournet. Puis, on a écrit les scénarios. » Comme les soignants ne voulaient pas faire les acteurs, ils ont choisi de mettre en scène des Playmobil®, gages de « neutralité ».
L’une des saynètes filmées se déroule dans les vestiaires. Trois femmes jacassent joyeusement sur le dos d’une collègue : « Dis donc, j’ai vu la grosse l’autre jour. Eh bien, elle n’a pas maigri, hein ! », commence l’une d’elles. « Tu as vu ce qu’elle mange au self, elle n’est pas du style à laisser des restes », renchérit une autre. Et ainsi de suite : « Si elle veut garder son mari, il faut qu’elle fasse attention à son look et surtout à son odeur. » Les pipelettes sont interrompues par leur souffre-douleur, qui n’était qu’à quelques mètres d’elles. « On voulait attirer l’attention sur des comportements que l’on peut banaliser, commente Aude Guilmard. Certaines paroles peuvent blesser sans que l’on s’en rende compte et être considérées comme de la maltraitance. »
Ce travail sur la bientraitance entre collègues a un autre but : diminuer les événements indésirables liés à des problèmes relationnels. La mauvaise entente a-t-elle déjà été à l’origine d’une erreur ? « Je n’ai encore jamais vécu cette situation, mais oui, je pense que cela peut avoir une répercussion sur la qualité du soin », confie Aude Guilmard. « Quand vous avez deux collègues qui ne s’entendent pas bien et se contredisent devant le patient, cela peut lui nuire », estime Catherine Fournet. Le personnel va poursuivre sa réflexion en se penchant, cette fois, sur les relations quotidiennes entre médecins et para-médicaux.
1- Fédération de l’hospitalisation privée.