L’HYPNOSE CHEZ L’ENFANT - L'Infirmière Magazine n° 330 du 01/10/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 330 du 01/10/2013

 

FORMATION CONTINUE

L’ESSENTIEL

L’hypnose se développe depuis une dizaine d’années dans le domaine de la santé. Elle se pratique, notamment, dans le cadre des prises en charge psychothérapeutiques. Les enfants y sont particulièrement réceptifs. Cette réceptivité s’explique : l’état hypnotique est un état naturel à l’homme, et la sensibilité hypnotique de l’enfant est supérieure à celle de l’adulte(1). L’hypnose fait appel à cette capacité de l’enfant à faire fonctionner son imaginaire. Elle est susceptible de lui apporter une aide précieuse pour dépasser certaines difficultés : douleur (aiguë ou chronique), anxiété, stress, mal-être, troubles du sommeil, de l’alimentation, peurs, phobies, addictions… Il est nécessaire, dans ce contexte, que les soignants qui l’accompagnent dans sa prise en charge connaissent mieux cette pratique et les méthodes qui en sont dérivées : la sophrologie et les techniques de distraction.

L’hypnose (ou l’état hypnotique) est un état naturel par lequel chaque individu passe plusieurs fois par jour. Les enfants y sont particulièrement réceptifs en raison de leur capacité à se retrouver dans un monde imaginaire. Cette capacité s’estompe en grande partie à l’âge adulte, de façon variable selon les individus, et le thérapeute qui se sert de l’hypnose la sollicite à nouveau lors des prises en charge thérapeutiques. Concernant l’enfant, lorsqu’il est absorbé par un jeu, une histoire ou une lecture, il se trouve en état hypnotique. Il est à la fois ici et ailleurs, totalement absorbé par ce qu’il fait ou entend. Il « est » le héros de l’histoire, il ou elle « est » le prince ou la princesse, le pompier ou la maîtresse d’école.

1. DÉFINITIONS

Le terme d’hypnose est, en règle générale, attribué à la fois à l’état hypnotique et à la pratique proposée par le thérapeute. Il serait plus exact de nommer cette pratique, selon les objectifs et le contexte, hypnothérapie ou hypnoanalgésie.

L’hypnose est un état de conscience modifié, différent des états de veille et de sommeil. Contrairement à ce qui est souvent perçu par les personnes ne l’ayant pas expérimentée, il ne s’agit pas d’un état de relaxation ou de détente, mais bien d’une phase d’activité intense pendant laquelle le sujet reconfigure tout ou partie de son monde intérieur avec l’aide du thérapeute.

L’hypnothérapie est une méthode de traitement pour laquelle le thérapeute utilise toutes les potentialités qu’offre l’état hypnotique pour travailler avec l’enfant sur le ou les problèmes pour lesquels une amélioration est souhaitée.

L’hypnoanalgésie constitue l’ensemble des techniques en lien avec la prévention et la prise en charge des patients douloureux ou potentiellement douloureux, et pour lesquelles l’état hypnotique permet d’apporter de nombreuses solutions. Diverses techniques hypnotiques peuvent être proposées aux enfants. Elles sont adaptées en fonction de leur âge et de leur développement.

L’auto-hypnose est la capacité de chaque individu à se mettre seul en état d’hypnose pour retrouver les bienfaits de tout ou partie d’une séance vécue avec le thérapeute. Les enfants apprécient particulièrement de développer cette capacité, et quelques indications leur suffisent souvent pour acquérir rapidement de l’autonomie, réactiver quand ils en éprouvent le besoin les techniques vécues en séance.

L’hypnopraticien est le soignant qui utilise dans son contexte de travail les techniques hypnotiques pour aider le patient à faire face à certaines situations. Ces soignants peuvent être tout aussi bien médecins, psychologues, infirmiers, sages-femmes, kinési-thérapeutes… L’important est que chacun utilise les techniques que permet l’hypnose dans le cadre de sa fonction.

2. PLACE DE L’HYPNOSE DANS L’OFFRE THÉRAPEUTIQUE

L’utilisation de l’hypnose dans l’offre thérapeutique chez l’enfant connaît un développement important depuis environ dix ans. Toutefois, cette pratique n’est pas récente, et les premières utilisations relatées chez des enfants et des adolescents remontent au XIXe siècle. Ainsi, les précurseurs de l’utilisation de l’hypnose pour soigner les patients comme Mesmer (1734-1815), Elliotson (1791-1868) ou Braid (1795-1860) décrivent plusieurs cas de prise en charge de jeunes patients dont l’état s’est amélioré grâce au recours à l’hypnothérapie. Ces pratiques sont largement délaissées au cours des cinquante premières années du XXe siècle. Leur utilisation reprend tant en Europe qu’aux États-Unis dans les années 1950/60. Mais c’est seulement depuis le début du XXIe siècle, et en grande partie grâce à la compréhension apportée par les neurosciences, que la pratique de l’hypnose se développe dans le cadre des prises en charge médicales et soignantes en France. Ce sont le plus souvent les psychologues qui ont réintroduit l’hypnose dans les prises en charge psychothérapeutiques. Mais, dans le même temps, au bloc opératoire, les anesthésistes ont développé des techniques hypnotiques permettant d’accompagner efficacement de jeunes patients au cours de certaines interventions, leur évitant ainsi l’anesthésie générale. Dans les services de soins, ce sont les équipes soignantes, et particulièrement infirmières, qui acquièrent des compétences en hypnoanalgésie dans le cadre de la prévention des douleurs liées aux soins. Des formations en vue de développer le recours à l’hypnose en pratique quotidienne se sont multipliées. De plus en plus de professionnels de santé, médecins, infirmiers, sages-femmes, auxiliaires de puériculture, mais aussi des travailleurs sociaux (assistante de service social, éducateur) s’intéressent désormais aux pratiques hypnotiques. En effet, outre les effets thérapeutiques, l’utilisation adaptée des techniques hypnotiques entraîne l’amélioration de la relation et de la communication du soignant, de l’enseignant avec l’enfant lors d’une prise en charge thérapeutique, mais aussi dans le cadre des apprentissages et de l’éducation.

3. IMPACT SUR LA COMMUNICATION SOIGNANT/ENFANT

Pour Isabelle Célestin-Lhopiteau, l’hypnose est avant tout « un art de la communication pour les enfants, les parents… et les soignants(1) » (Lire p. 49). Il faut en effet noter que tous les soignants, médicaux et non médicaux, qui ont introduit les techniques hypnotiques dans leur pratique quotidienne vivent un changement profond dans la relation soignant/soigné. L’hypnose modifie la « relation au monde » des personnes qui l’utilisent comme de celles qui en bénéficient.

À partir de cette pratique, le soignant quitte sa position de pouvoir sur l’enfant. En utilisant l’hypnose, il souhaite donner ou redonner à l’enfant de l’autonomie, en l’aidant à trouver ses propres ressources pour faire face aux difficultés qu’il rencontre. Il lui permet aussi de développer un sentiment de sécurité intérieure, qui va l’aider à « traverser les émotions » générées par sa situation ou son état. L’ensemble des apports de l’hypnose favorisent chez l’enfant le développement de son « estime de soi », sentiment qui fait souvent défaut en cas de problème de santé.

Mais ce manque d’assurance, de regard positif sur soi peut aussi être la source de difficultés traversées par les enfants : peur, phobie scolaire, troubles dits psychosomatiques… L’enfant, en raison de son histoire, de l’éducation qu’il a reçue, rencontre des difficultés à traverser les inévitables épreuves de la vie. Le recours à un travail basé sur l’hypnose lui permet de modifier ses perceptions et de mobiliser de nouvelles ressources. Le thérapeute l’aide, ainsi, au cours des séances, à « reconfigurer son monde(2) ».

4. AUTO-HYPNOSE

Les enfants disposent d’une grande capacité à entrer dans l’état hypnotique et à la pratiquer de façon autonome. L’hypnose ouvre sur l’imaginaire et la créativité, qui sont particulièrement développés pendant l’enfance. Cette capacité à développer une histoire à partir de l’imaginaire, à se situer « ailleurs » est utilisée par le thérapeute pour proposer à l’enfant d’y recourir lorsqu’il en éprouve le besoin, en dehors de la présence du thérapeute. Cette capacité permet progressivement à l’enfant d’être différent à la fois face à ses difficultés, mais aussi dans ses relations quotidiennes et son développement. L’enfant peut poursuivre l’évolution de ces capacités et les utiliser tout au long de sa vie.

Avoir recours à l’hypnose n’est plus alors uniquement une méthode thérapeutique, cela devient une philosophie de vie, une façon d’être en relation avec le monde, de prendre de la distance avec les évé-nements et les émotions qu’ils génèrent.

5. HYPNOSE ET LIEN D’ATTACHEMENT PARENTS/ENFANT

Les potentialités qu’offre l’hypnose à l’enfant interrogent l’éducation qu’il reçoit. Une des bases de l’éducation est de donner à l’enfant confiance en lui, qu’il puisse développer une bonne estime de soi. Ces deux éléments sont associés au processus d’attachement qui lie l’enfant à ses parents et donc à la sécurité qu’ils ont été en capacité de lui apporter, plus particulièrement dans les premiers mois de sa vie.

Schématiquement, le processus d’attachement se décline sous plusieurs formes :

L’attachement sécure : l’enfant apprend progressivement à se séparer de sa figure d’attachement principale (en règle générale, sa mère, puis, progressivement, les autres adultes de son entourage). Ce style d’attachement lui permet de faire face à différentes situations difficiles au cours de son existence grâce à la confiance qu’il a pu développer dans sa relation aux autres.

L’attachement angoissé, ambivalent : le processus d’attachement et de séparation a été perturbé, et l’enfant manifeste ses craintes, plus particulièrement lors de la séparation. Il ne parvient pas à avoir confiance en l’autre, car au travers de sa relation avec son parent, il n’a pas la certitude que sa figure d’attachement sera disponible en cas de besoin. Cette disponibilité du parent n’est pas seulement physique, mais aussi psychique : le parent peut être présent, mais pas disponible par rapport aux préoccupations de son enfant.

L’attachement angoissé, évitant : l’enfant n’a pas acquis de confiance en sa figure d’attachement : « Il s’attend à être repoussé lorsqu’il cherche auprès de celui-ci réconfort et protection(3) ». Il apprend donc à vivre sans soutien.

L’attachement désorganisé : il existe lorsque le parent a face à l’enfant un comportement instable : parfois réconfortant, parfois effrayant. L’enfant ne parvient pas à développer une sécurité de base et présente un comportement désorganisé.

Un attachement sécure permet à l’enfant une meilleure régulation émotionnelle, ce qui influence favorablement ses capacités d’autonomie. Ces éléments, même s’ils ne sont pas les seuls, sont déterminants dans le traitement des troubles anxieux.

6. L’HYPNOSE, COMMENT ÇA MARCHE ?

L’utilisation des techniques hypnotiques et de l’état naturel d’hypnose constitue une pratique thérapeutique de changement très précieuse. Le procédé a un impact sur l’enfant lui-même, mais aussi sur le soignant et la relation qui s’installe entre eux. Les techniques en lien avec l’hypnose sont nombreuses, et le soignant formé apprend à les proposer en fonction de l’état de l’enfant au moment où il est en relation avec lui.

Quelques notions élémentaires sont indispensables pour connaître la terminologie correspondant aux différentes techniques employées en hypnothérapie et en hypnoanalgésie pédiatriques.

Le coping(4) : le terme « coping » résume l’ensemble des stratégies que développe l’individu pour gérer une situation. En règle générale, chacun développe des capacités pour faire face aux problèmes qu’il rencontre d’une manière qui lui est propre. Cette façon de « faire face » (également appelée « coping ») dépend de la personnalité de l’enfant, de ses apprentissages, des attitudes et des réactions des adultes qui l’entourent. Les stratégies développées sont souvent les mêmes. Elles peuvent être efficaces, on parle alors de « coping positif », ou inefficaces, on parle alors de « coping négatif ». Lorsque les stratégies ne fonctionnent pas, l’enfant peut apprendre, avec l’aide du thérapeute, à envisager de nouvelles façons d’agir. Grâce au recours aisé à son imaginaire, il parvient, en général rapidement, à envisager des modifications efficaces. Pour Leora Kuttner(5), « le coping est une compétence apprise qui varie d’une situation à une autre », et les soignants ont un rôle fondamental dans ce domaine.

L’induction : c’est la phase initiale de l’entrée en état d’hypnose. Chez l’enfant, l’hypnopraticien dispose de nombreuses techniques d’induction, qui varient en fonction de l’âge et du canal sensoriel préférentiel de l’enfant ou de l’adolescent. Ces techniques sont décrites dans les ouvrages cités en référence et sont développées dans les formations destinées aux soignants. Leur objectif principal est d’aider le jeune patient à se « déconnecter » de sa relation à son environnement et de modifier ses perceptions sensorielles.

L’échelle de Vakog (visuelle, auditive, kinesthésique, olfactive, gustative) : l’enfant, comme l’adulte, perçoit le monde à travers ses cinq sens. Pour chaque individu, un ou deux sens sont plus développés. Le soignant cherche à entrer en relation et à faire des suggestions qui vont utiliser le ou les canaux sensoriels privilégiés de l’enfant. Lorsque ce canal n’est pas identifié, le soignant peut faire des suggestions qui vont permettre à l’enfant de se focaliser sur ce qui l’intéresse en balayant l’ensemble des cinq sens. Par exemple, le soignant propose au jeune patient de s’installer confortablement dans un lieu de son choix, lui demande d’observer son environnement (vision), de sentir les odeurs (olfaction), de repérer les sensations de chaud, de froid, de bien-être, d’inconfort (kinesthésie), d’écouter les bruits autour de lui (audition). Il peut lui proposer de goûter à un aliment ou à une boisson. À aucun moment l’hypnothérapeute n’a induit sa vision du lieu, seule l’imagination de l’enfant lui permet de faire travailler tous ses sens et de se servir de celui ou de ceux qu’il privilégie. Cet exercice peut servir pour aider le jeune patient à trouver son lieu de sécurité. Le thérapeute utilise une technique d’imagerie multisensorielle(6).

Le lieu de sécurité ou « safe place » : ce lieu de sécurité, aussi appelé « refuge de protection privé »(7), est différent pour chacun et peut se modifier chez un même enfant. Il lui permet de revenir aux sensations éprouvées lors de la « création » de ce lieu avec le thérapeute. Ce retour peut se faire par l’enfant lui-même, grâce à l’auto-hypnose, ou avec l’aide du thérapeute s’il traverse des émotions au cours d’une séance. Le recours au lieu de sécurité peut être utilisé dans de nombreuses indications : phobies, troubles anxieux, parcours de soins lors d’une maladie chronique, soins douloureux, pendant une induction d’anesthésie ou au cours d’une intervention sous anesthésie locale ou loco-régionale…

La transe hypnotique : il s’agit de l’état dans lequel se trouve le sujet lorsqu’il est en hypnose. Cet état n’est pas spécifique à l’hypnose, il est partagé avec d’autres méthodes thérapeutiques. Dans le traitement par utilisation de l’hypnose, le thérapeute se sert des différentes inductions pour permettre à l’enfant d’entrer dans l’état de transe. Le travail psychothérapeutique visant le changement peut débuter lorsque cet état est atteint.

Les suggestions : elles font partie de la communication courante. En hypnose, les suggestions sont utilisées pour proposer un changement à l’enfant. Elles sont proposées par l’hypnopraticien pendant la phase de transe hypnotique. Elles peuvent être directes ou indirectes, proposées à travers la parole et/ou le mouvement, l’action ou le silence.

La suggestion post-hypnotique : en fin de séance, le thérapeute fait une proposition à l’enfant qui lui permet de poursuivre le travail entamé pendant la séance d’hypnose.

La métaphore : « C’est une figure de style, dont le principe est d’associer un terme à un autre appartenant à un champ lexical différent, afin, non seulement de décrire une chose, mais aussi de lui donner une valeur de compréhension ou d’expérience plus forte et riche que si l’on s’en tenait à une description sommaire ou que l’on procédait par simple comparaison »(8). Dans toutes les cultures, des histoires, des contes permettent une lecture différente des situations et des solutions envisageables. L’enfant est très sensible aux métaphores et développe souvent ses propres histoires quand la possibilité lui en est offerte en thérapie.

En résumé, l’hypnose est un état naturel dont se sert le thérapeute pour accompagner l’enfant dans les difficultés qu’il rencontre et lui donner la possibilité de (re)trouver une autonomie pour y faire face. Il existe de nombreuses techniques impliquant que les praticiens soient spécifiquement formés pour les manier avec aisance dans chaque situation. L’hypnothérapie et l’hypnoanalgésie ne relèvent pas d’une position doctrinaire mais bien, comme le souligne Isabelle Célestin-Lhopiteau, d’une philosophie et d’un art de vivre. Dans le domaine du soin, l’utilisation des techniques hypnotiques pose un préalable : que le soignant ait « le goût de la liberté de l’autre »(9).

1- Voir ouvrage ICL.

1- L’hypnose pour les enfants, p. 19.

2- L’hypnose pour les enfants, p. 28.

3- L’hypnose pour les enfants, p. 152.

5- Guide des pratiques psychocorporelles, p. 13.

6- L’enfant et sa douleur, p. 70.

7- Hypnose et hypnothérapie chez l’enfant, p. 90.

8- L’aide-mémoire d’hypnose, p. 255.

9- L’aide-mémoire d’hypnose, p. 65.

10- L’hypnose pour les enfants, p. 23.

PRÉCAUTIONS

Un équilibre à trouver

Utiliser l’hypnose chez l’enfant requiert certaines précautions. Ainsi, lorsque le jeune patient est adressé à un thérapeute par ses parents, il est important de s’assurer qu’il est lui aussi demandeur, et capable d’utiliser les techniques hypnotiques. Si l’hypnose est utilisée, et en raison des modifications qu’elle peut entraîner chez l’enfant, l’équilibre familial peut lui aussi être modifié. L’enfant acquiert de l’autonomie, identifie ses propres ressources, ce qui peut remettre en question les modes éducationnels des parents.

Synergie soignant/soigné

L’hypnose permet la transmission d’une façon positive de voir son environnement et la vie en général. Vis-à-vis de l’enfant malade, elle permet de modifier la vision que les adultes (parents, mais aussi soignants) ont de la maladie, des traitements, des soins, du milieu hospitalier en général, et de travailler sur le « catastrophisme » des différents acteurs en présence.

Si les parents sont eux-mêmes anxieux, phobiques des soins, s’ils transmettent la peur du soignant, l’hypnopraticien doit en tenir compte dans son approche de la famille. Pour être efficace, le soignant doit créer une synergie soignant/parent, en particulier pour la prévention des douleurs provoquées lors des soins.

Thérapie familiale

Il existe encore peu de travaux d’analyse de l’approche systémique familiale incluant l’hypnothérapie. Au regard de l’intérêt croissant pour le recours à l’hypnose chez l’enfant, les thérapeutes sont de plus en plus nombreux à proposer son utilisation au cours de séances de thérapie familiale.

Approche pratique

L’hypnopraticien utilise chez le jeune patient des outils en rapport avec son développement, son âge, sa vision personnelle du monde. Ainsi, à travers le dessin, le jeu, le mouvement, l’imaginaire, le thérapeute abandonne les aspects théoriques des approches thérapeutiques au profit d’une rencontre singulière avec l’enfant à un moment précis.

REPÈRES

Une diversité de pratiques

Quelle différences et similitudes entre hypnose et distraction, imagerie mentale, sophrologie ? Ces pratiques contribuent à permettre à l’enfant de faire face aux difficultés qu’entraînent la maladie et les soins : douleur, peur, anxiété…

La distraction est l’action de détourner l’attention du jeune patient vers quelque chose qui l’intéresse. Elle constitue un premier niveau d’utilisation de la capacité hypnotique. Elle est très utile chez le jeune enfant, en particulier pour la prévention de la douleur lors des soins. Les approches sont multiples et souvent faciles à mettre en œuvre.

L’imagerie mentale est « la reconstruction mentale spontanée ou délibérée de stimuli visuels, sonores, olfactifs, gustatifs et kinesthésiques comme s’ils se produisaient réellement »(1). L’imagerie mentale comme l’hypnose recourent à l’imaginaire de l’enfant. La différence est liée au « degré d’absorption et de modification de l’état de conscience ».

L’imagerie mentale est très utile pour dépasser une difficulté ponctuelle : limiter la douleur, l’anxiété, le stress. Comme la distraction, elle présente des limites concernant un travail psychothérapeutique approfondi.

La sophrologie est une pratique fréquente en France, de nombreux infirmiers étant formés. Elle est issue de l’hypnose, développée au XXe siècle par le Dr Caycedo. Celui-ci a associé à l’hypnose des techniques de yoga et une approche linguistique spécifique. Ses indications chez l’enfant sont proches de celles de l’hypnose. Les praticiens formés aux deux méthodes mettent en évidence la plus grande souplesse de l’hypnose, grâce à la variété des approches.

1- Kuttner L., L’enfant et sa douleur – Dunod – p. 144.

CAS PRATIQUE

Une ponction-biopsie

Diane, 6 ans, est hospitalisée et doit subir une ponction-biopsie de moelle osseuse. La veille de l’examen, l’infirmier ressource douleur (IRD) informe Diane et ses parents de l’accompagnement proposé pendant l’examen. Il en profite pour questionner la petite fille sur ses jeux favoris et sur ce qu’elle aime. Pour prévenir la douleur et l’anxiété liées au geste, on lui donne un anxiolytique et un antalgique.

Diane adore les Barbapapa, et possède les 9 personnages, rangés dans une petite boîte. Dès qu’elle entend sa maman discuter au sujet des figurines, elle se réveille et s’intéresse à ce qui se passe. La séance commence sous Meopa, et l’IRD lui propose de partir en voyage à New York avec toute la famille des Barbapapa : Diane adhère, elle est ravie de cette proposition. L’IRD installe l’enfant dans la situation : le voyage commence, et l’avion décolle. Il fait les propositions suivantes : le vol dure sept heures, l’occasion de pouvoir raconter plein d’histoires. Barbotine commence à parler, puis Barbidulle lui fait faire des bulles. Elles sont de toutes les couleurs, doubles ou triples. Puis, au moment où le soin est le plus douloureux, Diane, accompagnée par l’IRD, souffle encore plus vite et plus fort, et les bulles sont de plus en plus nombreuses. Le soin se passe bien, et Barbibulle continue à faire des bulles.

Une fois l’examen terminé, Diane semble enchantée du voyage avec la famille des Barbapapa. Sa maman est également très satisfaite, car sa fille n’a pas souffert pendant l’examen et gardera un bon souvenir du déroulement du soin. Durant celui-ci, la petite fille a évalué sa douleur à 2 sur 10, avec l’EVA. La séance d’hypnoanalgésie, associée à des thérapeutiques médicamenteuses, lui a permis de vivre l’examen dans de bonnes conditions de confort et de bien-être.

Source : Article réalisé avec la collaboration de Thierry Moreaux. Extrait de Moyens non pharmacologiques de prise en charge de la douleur, Ed. Lamarre 2012.