LES FUTURS « SOI NIANT »

Aujourd’hui, nombreux sont les étudiants qui débutent leur formation sans plus de motivation que celle d’avoir l’assurance de trouver un emploi. Il paraît que le domaine de la santé ne connaît pas la crise… Pourtant, elle est bien présente : crise des valeurs soignantes, individualisme, violences de plus en plus fréquentes à l’hôpital, burn out…

La population estudiantine est le reflet des individus qui composent aujourd’hui la société. Comme l’analyse Catherine Ternynck(1), notre société a privé les individus de « l’humus de l’humain ». L’argent « est le maître de la morale plus profondément qu’il n’était le maître des immoralités », écrivait Charles Péguy.

Les étudiants expriment plusieurs symptômes : addictologies diverses, dépressions, violences subies… Toutes ces problématiques de santé entravent leurs études, leur bon sens et les nécessaires remises en question pour prendre soin de l’humain. Ces problèmes résultent du fait que chacun se construit lui-même selon ses propres choix, sans repères. L’aléatoire, les contraintes sont insupportables, seul compte l’épanouissement personnel ! Dans ces conditions, la relation à l’Autre est difficile. Il ne faut pas en dépendre, puisque l’autonomie est la règle. Catherine Ternynck déplore cette tendance de « l’Homme de sable » à ne plus se sentir redevable. Il tolère mal sa culpabilité et sa responsabilité personnelles. Il est toujours innocent et victime. Il s’inscrit dans un activisme et une hyperconsommation pour combler son vide intérieur et occulter la mort, qui apparaît comme un échec intolérable… En témoignent les nombreux sujets de travaux de fin d’études portant sur cette thématique. Alors, comment aider l’Autre lorsque soi-même l’on a manqué de points d’ancrage forts ?