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FICHE TECHNIQUE
Le sondage urinaire est un geste fréquent (en milieu hospitalier, 9,4 % des patients). Réalisé sur prescription médicale, ce soin peut être inconfortable, voire générer de la douleur ; majorée par l’anxiété éventuelle du patient. Il atteint l’intimité de la personne.
• Le sondage urinaire est l’introduction d’une sonde dans la vessie par le méat urinaire pour permettre l’évacuation des urines ou leur recueil stérile. On distingue :
– le sondage ponctuel pour recueillir des urines stérilement ou lever un globe vésical. Ce sondage dit itératif constitue également une alternative pour les patients ne parvenant plus à contrôler leur vessie (para ou tétraplégie, problèmes neurologiques…).
– la pose d’une sonde urinaire à demeure (traité dans un prochain article) : temporaire, par exemple au cours d’une intervention chirurgicale, ou permanente, notamment chez une personne incontinente.
• Ce soin relève du décret des actes infirmiers 2004-802 du 29/07/2004. Il est réalisé par l’infirmière sur prescription médicale, sauf pour le premier sondage chez le patient de sexe masculin, effectué par un médecin.
• Recueil stérile d’urines.
• Sondage itératif en cas de globe vésical.
• Mode d’évaluation pour les bébés cérébrolésés.
• Malformation ou altération de l’urètre.
• Problème prostatique.
• Matériel pour le lavage et la décontamination des mains et de l’environnement.
• Protection pour le lit ou la table d’examen ; champ de table.
• Nécessaire pour la toilette de la zone génito-urinaire.
• Deux paires de gants stériles. n Compresses stériles (au maximum 8 chez la femme, 5 chez l’homme).
• Produit antiseptique (en fonction du protocole de l’établissement) pour la toilette antiseptique. Ne pas utiliser de Chlorhexidine.
• Un champ fendu.
• Produit lubrifiant à usage unique pour la sonde.
• Gel de xylocaïne, en particulier pour le sondage chez un homme.
• Matériels pour l’élimination des déchets.
• Son de droite ou béquillée sans ballonnet, à usage unique, de taille adaptée au patient (charrière de 14 à 18 chez la femme, 12 à 14 chez l’homme ; chez l’enfant : 4 à 6 en dessous de 4 kg, 6 à 8 de 1 mois à 2 ans, 8 à 12 de 2 à 12 ans ; chez l’adolescent : comme pour l’adulte).
• Si recueil stérile d’urines pour un examen cytobactériologique : flacon stérile + bon de laboratoire.
• Vérification de la prescription.
• Information du patient sur la nécessité du geste et son déroulement (lui demander s’il a déjà subi ce geste, comment cela s’est passé, quelles sont ses représentations et sa compréhension de l’acte).
• Préparation du matériel, vérification des dates de péremption du matériel et des produits.
• Installation du patient en veillant à préserver son intimité (paravent dans une chambre à 2 lits) et son confort (maintien de la chaleur corporelle).
• Installation du soignant favorisant son ergonomie : réglage de la hauteur du lit, installation du matériel à portée de main pendant le soin (chariot de soin muni d’un champ de table stérile).
• Toilette de la zone uro-génitale (si le patient est capable de la faire seul, on lui demande de l’avoir effectuée avant le soin). Si le soignant la réalise, elle se fait du pubis vers l’anus et de l’extérieur (cuisse) vers l’intérieur de la zone uro-génitale (verge ou vulve).
• Mettre la première paire de gants stériles.
• Désinfection de la zone.
Chez la femme : commencer par l’extérieur de la vulve, changer de compresse à chaque passage sur les grandes lèvres, petites lèvres, méat.
Chez l’homme : nettoyer autour de la verge, puis de la base de la verge vers l’extrémité, décalotter, désinfecter le méat.
À noter : le fait de laisser une compresse sur le méat avant le sondage n’a pas fait la preuve de son efficacité dans la prévention des infections nosocomiales (voir Aller plus loin). Néanmoins cette technique est enseignée.
• Préparer le champ de table stérile, y installer le matériel stérile.
• En cas de sondage chez l’homme : préparer le gel de xylocaïne sur une compresse et le déposer sur le méat urinaire (5’ avant le sondage).
• Mettre les gants stériles.
• Installer le champ percé : en passant la verge au centre du trou chez l’homme, en posant le champ autour de la vulve chez la femme.
• Passer la sonde dans le gel lubrifiant.
Chez la femme : écarter les petites lèvres, introduire la sonde lubrifiée dans le méat et la pousser doucement. Elle ne ne doit pas rencontrer de résistance.
Chez l’homme : prendre la verge, la maintenir légèrement étirée, en position horizontale, former une légère courbure, introduire la sonde doucement dans le méat ; lorsqu’il y a une légère résistance, mettre la verge en position verticale, demander au patient de tousser ou de respirer profondément, pousser la sonde.
• L’emplacement de la sonde est confirmé par l’écoulement d’urines.
• En cas de prélèvement stérile : ne pas recueillir le premier jet.
• En cas de prélèvement d’urines pour examen de laboratoire : envoyer les tubes au laboratoire.
Cas particulier : le sondage itératif réalisé par le patient lui-même (auto-sondage) nécessite une éducation thérapeutique de la personne et/ou de son entourage. Lorsqu’il s’agit d’un auto-sondage, les mesures concernant les étapes de la toilette peuvent être simplifiées. Le patient doit pouvoir disposer de son matériel (kit d’autosondage) et effectuer ce geste dans les toilettes.
• État des urines (couleur, présence de dépôt, de sang).
• Absence de douleur.
• Réalisation du sondage.
• Aspect des urines.
• Envoi des urines au laboratoire.
• Recueil des résultats de laboratoire.
• Le sondage vésical est la première cause d’infection nosocomiale (30 %). Ces infections sont plus fréquentes chez les patients de sexe féminin, augmentées par l’avancée en âge, plus fréquentes également dans certains secteurs d’hospitalisation (réanimation, entre autres). Les audits réalisés ces dernières années ont confirmé le lien entre la qualité de la pose de la sonde, son entretien, et la survenue d’une infection. Des critères permettent désormais d’homogénéiser les pratiques et de définir la qualité de réalisation et de surveillance de ce soin.
• Il existe un risque de lésion de l’urètre, mais celui-ci reste minime si le choix de la sonde est adapté et la technique de l’opérateur fiable.
• Existence d’un protocole intégrant les recommandations de bonne pratique.
• Identification possible de l’indication du sondage.
• Toilette effectuée au savon doux (et non avec l’antiseptique).
• Utilisation de champs et gants stériles.
• Utilisation d’antiseptiques bien tolérés par la muqueuse (bannir la chlorhexidine).
• Utilisation de crèmes lubrifiantes en dose unique et d’un anesthésique local, en particulier chez l’homme.
• Calibre de la sonde adapté (éviter les sondes de calibre trop élevé, qui risquent de léser l’urètre).
• Sac en déclive sans contact avec le sol.
• Date de la pose, type de sonde et charrière notés dans le dossier patient.
• Toilette quotidienne au savon doux.
• Opérateur bien entraîné et bien organisé.
1- « Évaluation des pratiques professionnelles, rapport de l’expérimentation nationale, audit clinique ciblé appliqué à la pose et la surveillance des sondes urinaires », juin 2006, accessible sur le site de l’HAS (http://petitlien.fr/6rwz).
2- « Surveiller et prévenir les infections associées aux soins », Rapport du Haut Conseil de la santé publique, 2010 disponible sur www.hcsp.fr
3- « Prévention de la douleur provoquée par les soins : les moyens relevant du rôle infirmier autonome, DVD de formation à l’usage des professionnels et des étudiants en soins infirmiers ». Pascale Thibault, 2013, disponible au Centre national de ressources de lutte contre la douleur, www.cnrd.fr