DÉPENDANCE
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DU CÔTÉ DES … ÉTABLISSEMENTS
À Toulouse, un hôpital de jour gériatrique unique en France reçoit chaque jour des patients âgés pour un bilan médical complet centré sur l’autonomie. Objectif : éloigner le risque de dépendance.
C’est après avoir contourné la chapelle Saint-Joseph et son dôme imposant, monument emblématique de Toulouse, en bord de Garonne, que l’on accède à l’hôpital de jour gériatrique. Abrité pendant dix-huit mois à Purpan, à l’ouest de la ville, ce service a déménagé sur le site de La Grave en avril dernier. Objectif : être au centre-ville, au plus près des patients. Plus précisément dénommée « hôpital de jour d’évaluation des fragilités et de prévention de la dépendance », cette structure est unique en France.
Tous les jours, l’équipe accueille entre 4 et 8 patients âgés de 65 ans et plus, repérés par leur médecin traitant (voir encadré) comme étant « fragiles » au regard de la dépendance. Ce qui signifie que ces personnes sont pour l’instant autonomes ; mais un événement de la vie, un accident ou l’irruption d’une pathologie pourraient les faire basculer dans la dépendance. Il s’agit de repérer à temps les facteurs de fragilité – ralentissement de la marche, troubles de l’équilibre, baisse de la force musculaire, perte de poids et troubles de la mémoire… – et de proposer un accompagnement.
À son arrivée à l’hôpital de jour gériatrique, le patient est accueilli par un gériatre et une infirmière pour un long entretien initial. Il va ensuite rencontrer différents soignants : diététicienne, professeur d’éducation physique adaptée, neuropsychologue… Le bilan de ces consultations permet de dessiner un « plan personnalisé de soins » (PPS). « L’infirmière et moi-même revoyons le patient en fin de journée pour bien lui expliquer nos résultats et le PPS que nous lui proposons, sous forme de deux ou trois recommandations réalisables au domicile », explique le Dr Gabor Abellan, gériatre. Il peut s’agir d’exercices physiques relatifs à la marche ou à l’équilibre, ou de modifications dans l’alimentation… Un courrier est adressé au médecin traitant, qui va coordonner le PPS. « Il nous est arrivé de préconiser un suivi psychologique et davantage d’activités sociales », précise Marie-Pierre Bautrait, l’une des deux infirmières qui travaillent à l’hôpital de jour, en binôme avec Huguette Gesta.
Au bout d’un mois, puis trois mois après sa venue, chaque patient est rappelé par une infirmière, pour faire le point sur l’application des recommandations et connaître son ressenti.
« Nous réalisons en moyenne 12 heures d’appels par semaine, sachant que nous devons aussi contacter les patients avant leur venue, pour leur expliquer le sens de notre démarche et le déroulement de la journée », détaille Marie-Pierre Bautrait. L’infirmière joue un rôle important dans l’équipe pluridisciplinaire. « Il nous faut des capacités d’analyse et de raisonnement clinique, poursuit l’infirmière. J’ai suivi un module de formation “évaluation gérontologique” avec notre cadre de santé, Maryse Pedra. Par ailleurs, j’ai obtenu un DU d’éducation à la santé, ce qui est une aide précieuse à ce poste. » Depuis le mois de juillet, l’unité est officiellement reconnue par l’ARS. Et des soignants de plusieurs hôpitaux de la région viennent régulièrement se former à l’évaluation des fragilités.
Pour travailler de concert avec les professionnels de ville, l’équipe a adressé un mail à tous les généralistes de Toulouse et des environs. Actuellement, 156 d’entre eux orientent des patients perçus comme fragiles vers l’hôpital de jour. Une fiche de repérage de la fragilité, contenant plusieurs critères, leur a été fournie au préalable.
40 % des personnes présentent des signes de fragilité à partir de 65 ? ans. Or, plus celle-ci est dépistée de manière précoce, meilleures sont les chances de stabilisation ou même d’amélioration. C’est pourquoi les ministères de la Santé et des Personnes agées ont montré un vif intérêt pour la démarche développée par ce service pionnier du CHU de Toulouse.