L'infirmière Magazine n° 331 du 15/10/2013

 

MAROC

ACTUALITÉ

Les infirmières ont obtenu des avancées, mais le chemin à parcourir reste long.

« Le salaire des infirmières marocaines est dérisoire. Elles exercent dans des hôpitaux délabrés. Elles ne sont que 27 000 pour tout le royaume », s’emporte le Dr Mostafa Chanoui, secrétaire général du syndicat CDT santé. Le Maroc compte 9 infirmières pour 10 000 habitants (contre 80 en France). Profitant du vent de liberté qui a soufflé lors des printemps arabes, les soignantes ont multiplié les grèves en 2011. « Le ministère de la Santé a accepté d’engager des négociations », relate Mostafa Chanoui.

Leurs revendications étaient nombreuses : revalorisations salariales et statutaires, refonte de la formation, notamment.

Début septembre, est paru un décret intégrant le cursus infirmier public au système LMD dès la rentrée 2013 : dans trois ans, les nouvelles diplômées auront un grade – donc un salaire – supérieur dans la fonction publique. Cette revalorisation ne profitera pas aux infirmières en exercice. Par ailleurs, le ministère a déposé un projet de loi qui consacre cinq nouvelles spécialités infirmières(1).

Privatisation

Le texte réglemente aussi l’exercice infirmier dans le secteur privé – largement minoritaire –, qu’il soit salarié ou libéral. La CDT y voit une « volonté de privatisation de la santé ». Fin 2012, les syndicats avaient réussi à bloquer un projet de décret prévoyant d’ouvrir le concours d’accès à la fonction publique aux infirmiers formés dans le privé, qui n’est pas contrôlé. « On a déjà un système à deux vitesses : les Marocains qui ont une couverture santé et ceux qui bénéficient de l’aide sociale, déplore Mostafa Chanoui. Bientôt, seuls les plus riches pourront se payer des soins de qualité, dans les établissements privés, le secteur public restant à l’abandon. »

1– Anesthésie-réanimation, psychiatrie, gériatrie, soins d’urgence et soins intensifs, pédicure-podologie.