DES DIZAINES DE MILLIERS DE POSTES VACANTS - L'Infirmière Magazine n° 333 du 15/11/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 333 du 15/11/2013

 

ALLEMAGNE

ACTUALITÉ

Alors qu’en France, la profession infirmière est touchée par le chômage, outre Rhin, la pénurie atteint des proportions inquiétantes. Les établissements se tournent vers l’étranger.

Les syndicats d’employeurs allemands estiment que 30 000 à 50 000 emplois d’infirmière et d’aide-soignante ne sont actuellement pas pourvus, sur un total de 1,1 million de postes – dont 805 000 infirmières. La situation n’est pas près de s’arranger : selon les récentes projections du cabinet de conseil Roland Berger, il y aura 126 000 postes vacants en 2015 et 414 000 en 2030. Les besoins en Allemagne vont, en effet, monter en flèche, principalement dans le secteur des soins aux personnes âgées. Ces trois dernières années, les autorités sanitaires allemandes ont cherché à réagir, d’abord en tentant d’attirer les jeunes dans les écoles de formation, puis en faisant appel à des professionnels de l’étranger. Des initiatives ont été prises par des régions ou des établissements, notamment en direction de l’Europe de l’Est et, plus récemment, de l’Espagne. Puis, début 2013, le Pôle emploi allemand a lancé un programme pour recruter, sur deux ans, 2 000 professionnels venant de Bosnie-Herzégovine, de Tunisie, de Serbie et des Philippines, pays ciblés en raison de l’importance du chômage qui y sévit. Les candidats bénéficient notamment d’un accompagnement et de cours de langue. Pour les ressortissants de l’Union européenne, aucun programme spécifique n’existe, explique-t-on à l’agence pour l’emploi, puisqu’ils peuvent postuler librement auprès des employeurs, à condition de faire reconnaître leur diplôme et de passer un test d’allemand. Entre 400 et 500 infirmières françaises exercaient en Allemagne en 2011.

Désenchantement

L’union des employeurs privés du secteur social, Pflege, estime qu’il faudrait attirer chaque année 5 000 personnels qualifiés de l’étranger. Il a lui-même lancé un programme pour faire venir 150 professionnels chinois, les premiers devant prendre leur poste d’ici à la fin 2013. Mais, il demande aussi au gouvernement de faciliter la procédure de reconnaissance des diplômes, différente selon les régions, qu’il compare à une « jungle administrative ». Cependant, pour les syndicats de personnels, les étrangers ne doivent pas s’attendre à trouver l’eldorado en Allemagne. La pénurie s’explique par « la difficulté des conditions de travail », « le niveau insuffisant des salaires » et un manque d’autonomie d’exercice, affirme Johanna Knüppel, porte-parole du syndicat des infirmières, DBFK. « Certains étrangers déchantent vite », prévient-elle. Pour les syndicats, la solution passe par une revalorisation de la profession, notamment une unification des trois formations d’infirmières – générale, pédiatrique et gériatrique – promise depuis dix ans par le gouvernement.