La ventilation manuelle - L'Infirmière Magazine n° 333 du 15/11/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 333 du 15/11/2013

 

FORMATION CONTINUE

FICHE TECHNIQUE

Afin de suppléer la fonction respiratoire défaillante d’un patient, la soignante procède à une ventilation manuelle. Le dispositif, qui met en œuvre un matériel très spécifique, exige une grande précision de la part de l’infirmière.

PRÉSENTATION

Définition

• La ventilation au masque et au ballon autoremplisseur à valve unidirectionnelle (BAVU), consiste à insuffler un mélange gazeux contenu dans le ballon par l’intermédiaire d’un masque étanche appliqué sur le visage du patient.

• Le mélange gazeux est administré par compression manuelle du ballon, qui reprend sa forme initiale lorsque l’utilisateur relâche sa pression.

Objectif

• Le but de la ventilation manuelle est de suppléer la fonction respiratoire défaillante à l’aide du BAVU.

Indications

Détresse respiratoire ou arrêt respiratoire, dans l’attente de l’intubation.

MATÉRIEL

À prévoir :

• Ballon insuffleur ou BAVU, constitué de :

– un ballon en caoutchouc ou en silicone souple sur certains modèles ;

– une valve séparatrice des gaz insufflés et des gaz expirés ;

– un masque facial permettant l’administration du mélange gazeux à la victime ;

– un ballon réserve ;

– une valve d’admission d’air séparant le ballon réserve du ballon auto–remplisseur, qui comporte : une valve d’admission complémentaire d’air, une valve d’échappement et une valve d’admission de l’oxygène.

• Gants à usage unique non stériles.

• Masque pour protéger l’opérateur.

• Matériel d’aspiration fonctionnel.

• Source d’oxygène murale ou en bouteille.

• Débitmètre avec humidificateur pour l’oxygène, si bouteille manodétendeur.

• Tuyaux de distribution de l’O2.

• Canule oropharyngée de type Guedel, adaptée à la morphologie du patient.

• Stéthoscope.

• Chariot d’urgence et d’intubation à proximité.

DÉROULEMENT DE L’ACTE

• Monitorer, si possible, le patient.

• Vérifier le fonctionnement du système d’aspiration avec sonde de gros diamètre connectée à un système de contrôle.

• Installer le patient en décubitus dorsal.

• Vérifier le fonctionnement du ballon (montage correct de la valve).

• Connecter la source d’oxygène au ballon en réglant le débit à 12 l/min (ne pas oublier de connecter le réservoir à oxygène en cas d’indication de ventilation en oxygène pur, notamment dans l’arrêt cardio-respiratoire).

• Mettre des gants à usage unique non stériles et le masque.

• S’assurer de l’absence de prothèses dentaires.

• Surélever la tête.

• Pratiquer une aspiration buccale ainsi qu’une subluxation de la mâchoire inférieure.

• Basculer la tête en arrière pour mettre le cou en légère hyperextension, ce qui permet de décoller la base de la langue afin de dégager les voies aériennes.

• Appliquer le masque facial de manière à englober le nez et la bouche.

• Maintenir le masque avec le pouce sur la partie nasale du masque et l’index sur la partie inférieure.

• Insuffler en déprimant lentement le ballon à une fréquence de 12 à 16 pressions par minute pour un volume estimé entre 700 et 1 000 ml par insufflation (10-12 ml/kg de poids corporel).

•  Ne pas dépasser une pression d’insuf­flation de 25 cm d’eau (pas d’échappement de gaz par la valve de surpression).

• Observer le soulèvement du thorax pendant les insufflations, ce qui permet de vérifier l’efficacité de la ventilation.

Insufflation

• Quand la main du sauveteur comprime le ballon, la pression positive créée à l’intérieur entraîne l’ouverture de la valve séparatrice (VS) et la fermeture de la valve d’admission (VA).

• Le mélange gazeux est chassé en direction du masque facial, et ne peut pas refluer en arrière vers le ballon réserve.

• Dans le même temps, le ballon se remplit : soit d’air, par l’ouverture de la valve d’admission complémentaire d’air (VAC) si le dispositif n’est pas relié à une source d’oxygène (hygiène du matériel de ventilation) ; soit d’air enrichi en oxygène, par l’ouverture de la valve d’admission d’oxygène.

Cette dernière est neutralisée si le dispositif n’est pas relié à une source d’oxygène. Si le débit d’oxygène est trop important, l’excès s’échappe par la valve d’échappement (VE).

Exsufflation

• Quand la compression manuelle du ballon cesse, il reprend sa forme initiale et se remplit de gaz provenant du ballon réserve, ou d’air extérieur, après ouverture de la valve d’admission (VA).

La pression à l’intérieur du ballon devient négative, ce qui provoque la fermeture de la valve séparatrice (VS). L’air expiré par le patient est évacué vers l’extérieur et ne peut pas retourner à l’intérieur du ballon.

SURVEILLANCE

Il s’agit de rester vigilant sur les points suivants :

• Inefficacité du geste :

– erreur de montage de la valve unidirectionnelle ;

– manque d’étanchéité du masque et fuite trop importante ;

– obstacle dans les voies aériennes supérieures, notamment chute de la langue en arrière du fait d’une mauvaise position de la tête du patient.

• Vomissements avec risque d’inhalation.

• Distension gastrique liée à des insufflations trop puissantes, avec passage d’air dans l’œsophage.

• Barotraumatisme pulmonaire sur des patients ayant une compliance pulmonaire réduite.

ÉVALUATION

Il faut évaluer l’efficacité de la venti­lation et l’arrêter dès que le patient reprend une respiration spontanée.

Pour aller plus loin

→ Hygiène du matériel de ventilation : http://nosobase.chuzlyon.fr/recommandations/cclin/cclinSudOuest/1997_anesthesie_rea_CCLIN.pdf

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