ÉDITORIAL
Un métier formidable, un statut fort minable » ; « On vous fait naître, il faut nous reconnaître » ; « Sages-femmes ignorées, bébés en danger »… De Strasbourg à Paris, de Nancy à Toulouse, et dans bien d’autres lieux, la colère des sages-femmes résonne aux quatre coins de l’Hexagone. Les blouses roses sont descendues dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol de ne pas être reconnues et de rester méconnues. Elles rappellent que leurs conditions de travail ne sont pas rose layette, loin de là, et, oui, réclament davantage de reconnaissance.
Bien que disposant d’une compétence médicale – elles consultent, prescrivent, pratiquent des accouchements –, elles sont, pour l’heure, assimilées aux professions paramédicales. Elles revendiquent, pour une part d’entre elles, une rénovation de leur statut. Mais, qui dit changement de statut, dit aussi rémunération à la hauteur de celui-ci. C’est toujours là que le bât blesse. De rémunération, il n’était point question lors de leur dernière entrevue avec la ministre Marisol Touraine.
Salaires, reconnaissance, conditions de travail… Ce chapelet de revendications ressemble à s’y méprendre à celui des infirmières, que l’on peut entendre ici et là, ou lire régulièrement sur les réseaux sociaux. Les blouses roses sauront-elles inspirer les blouses blanches par leur capacité à se mobiliser et leur détermination ? Plus d’un mois d’une grève très suivie, jusqu’à 100 % de grévistes dans certaines maternités, un quart des sages-femmes dans les rues lors de la manifestation du 7 novembre dernier… Ce qui frappe, en effet, c’est l’ampleur du mouvement, qui, semble-t-il, n’est pas près de faiblir (lire p. 6). À méditer…