BLOC OPÉRATOIRE
ACTUALITÉ
DU CÔTÉ DES…COLLOQUES
Au Salon infirmier, mi-octobre, deux infirmières ont présenté leur méthode pour une meilleure communication entre les professionnels de l’anesthésie et ceux de la chirurgie.
Une communication efficace entre infirmiers d’anesthésie et ceux de chirurgie garantit une meilleure sécurité du patient. » Voilà la profession de foi de Sandrine Mathieu et Cécile Ariès, de la Fondation de la maison du Diaconat, à Mulhouse. Lors du Salon infirmier, qui s’est déroulé mi-octobre à Paris, les deux infirmières ont présenté un mode de collaboration entre spécialités qui a fait ses preuves.
« Dans notre établissement, il est d’autant plus important que la communication fonctionne bien que le médecin anesthésiste travaille dans trois blocs opératoires en même temps. Il fait l’induction, puis s’en va », expliquent-elles. Évidemment, le praticien reste joignable, mais, en l’absence d’incidents particuliers, les Iade sont en charge de l’anesthésie tout au long de l’intervention chirurgicale, jusqu’à la remise du patient aux infirmières de la salle de réveil. Le seul moment où l’équipe est au complet est donc la phase d’endormissement du patient. Étape durant laquelle la première check-list est remplie.
Bien qu’ils travaillent chaque jour ensemble, la communication entre professionnels de l’anesthésie et professionnels de la chirurgie ne va pas de soi dans la plupart des blocs opératoires. « Depuis le début, les deux spécialités se sont opposées, taquinées, affrontées », analysent Sandrine Mathieu et Cécile Ariès.
« Il existe même un écrit émanant de l’ordre des médecins qui traite de recommandations concernant les relations entre anesthésistes réanimateurs et chirurgiens », s’amusent-elles. Par une sorte de mimétisme contre-productif, les infirmières auraient adopté le même type de comportements. Et les déclarations de l’ancienne ministre de la Santé, qualifiant les Iade d’« aristocratie de la profession infirmière », n’ont guère arrangé les choses. « On ne peut pourtant pas couper le patient en morceaux – la tête et la moitié des bras pour l’anesthésie, le reste pour l’Ibode !, s’insurgent les oratrices. L’action de l’une peut avoir des répercussions sur la pratique de l’autre. »
Parmi les exemples les plus évidents, celui de l’hémodynamique : si la tension artérielle est en hausse, le risque de saignement peropératoire est accru. Le sachant, l’Ibode apportera un soin tout particulier à l’hémostase. Si, au contraire, la tension artérielle est basse, c’est lors du réveil que les saignements peuvent apparaître. C’est pourquoi l’information doit circuler sans cesse entre les soignants. D’ailleurs, c’est à deux que les infirmières exerçant au bloc font les transmissions à leurs collègues de la salle de réveil. Sandrine Mathieu et Cécile Ariès ont analysé chaque étape de la prise en charge du patient pour établir le rôle de chacun et créé un protocole de collaboration, qui a été accepté par toutes les équipes. Chaque mois, une réunion regroupant les infirmières exerçant en chirurgie a été organisée. Tous les problèmes rencontrés ont été mis à plat, de manière à élaborer des procédures satisfaisantes de prise en charge des malades.
À l’arrivée de nouvelles collègues, d’intérimaires ou de stagiaires, les « anciennes » prennent le temps de présenter et d’expliquer le bien- fondé de leur méthode. Pour parvenir au résultat escompté, les deux infirmières avouent avoir bénéficié d’un atout de taille : la possibilité qui est donnée aux personnels de leur établissement d’initier elles-mêmes des projets et des réflexions, sans attendre l’impulsion de l’encadrement. Concertation en salle de prise de poste, check-list obligatoire, accueil commun effectif, communication en peropératoire, bilan au pansement et transmission commune aux collègues de salle de réveil vont maintenant de soi au sein des blocs de la fondation. Sous l’impulsion d’une Iade et d’une Ibode déterminées à faire changer les choses, les vieilles habitudes mortifères ont fait long feu.