L’entrée en scène de la société civile dans le débat sur la fin de vie est-elle de nature à faire bouger les lignes ? En prônant le suicide assisté et l’exception d’euthanasie, l’avis du panel de citoyens, émis dans le cadre des états généraux lancés par le CCNE, en décembre dernier, est un pas en avant au regard des dispositions de la loi Leonetti, des réflexions du rapport Sicard, du CCNE et du Cnom (Conseil national de l’ordre des médecins). Ce dernier se prononçait, en février dernier, pour la sédation comme réponse à des situations exceptionnelles auxquelles « la loi ne peut offrir aucune solution pour certaines agonies prolongées, ou pour des douleurs psychologiques et/ou physiques qui restent incontrôlables ».
Au fil des années, les histoires vécues de situation extrême comme celle de Vincent Lambert, très médiatisées, font leur œuvre dans les esprits, alors que, dans le même temps, les lois restent méconnues et insuffisamment appliquées. Meilleur recours aux directives anticipées, meilleur accès aux soins palliatifs et meilleure prise en charge de la douleur font naturellement consensus. Mais, l’on peut se demander si, aujourd’hui, la société française n’est pas davantage en attente de la reconnaissance du droit à une plus grande autonomie des individus face à leur propre mort. Une question qui renvoie à celle du partage des pouvoirs entre soignants et patients (lire le dossier sur la toute-puissance des soignants, p. 14). Au cœur d’un débat idéologique et de société, d’aucuns déplorent la position très tranchée de l’ordre national infirmier, qui s’oppose à toute forme de légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté, au nom de la déontologie infirmière et de toute une profession. Les réactions n’ont, évidemment, pas manqué de fuser au sein du corps infirmier !