Bientôt dix ans que cette association place le binôme médecin généraliste-infirmière de santé publique au cœur de la prévention en ville. Avec un succès qui séduit les pouvoirs publics.
Malgré les apparences, lors de sa création, en 2004, c’est sur le mode salarié qu’Action de santé libérale en équipe (Asalée) entendait faire intervenir dans des cabinets de médecine générale des infirmières (IDSP) spécialement formées au dépistage de maladies chroniques. « L’éducation thérapeutique du patient n’est pas une posture de direction comme celle des médecins et des infirmières libérales, formés à dire la loi », justifie le Dr Jean Gautier, président d’Asalée. Pourtant, à l’approche de ses 10 ans, l’association, victime de son succès, compte un tiers d’infirmières libérales dans ses rangs.
En effet, la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts), qui finance le dispositif, la pousse à se développer en priorité dans les zones à faible densité médicale. Or, il est difficile de salarier des infirmières pour de toutes petites vacations : 0,2 équivalent temps plein (ETP) infirmier pour un médecin. L’idéal reste d’avoir une infirmière à plein temps dans un cabinet de plusieurs médecins, considère Jean Gautier. Quoi qu’il en soit, avec en moyenne « une dizaine de candidatures pour un poste », l’attrait pour cet exercice particulier est réel, observe-t-il.
Grâce au logiciel médecin dont elle dispose, l’infirmière Asalée repère les patients à risque, qu’elle reçoit en consultation sur recommandation d’un médecin. En 2012, l’association a déposé quatre protocoles de coopération article 51, agréés par la Haute Autorité de santé, pour la prévention, le dépistage et le suivi du diabète, de l’hypertension, du risque cardio-vasculaire et de la broncho-pneumopathie chronique obstructive. En plus de l’éducation thérapeutique qu’elle dispense, l’infirmière prescrit ou effectue des examens qu’elle donne à interpréter au médecin : électrocardiogramme, spirométrie, notamment.
L’efficience du dispositif
1– Le programme est 2,8 fois plus efficient qu’une prise en charge habituelle pour les diabétiques de type 2, et génère une économie de soins absolue (hôpital et ville) de 10 %, selon l’Irdes (« La coopération médecins généralistes/infirmières améliore le suivi des patients diabétiques de type 2 », Questions d’économie de la santé n° 136, novembre 2008).