L’un des deux seuls services dédiés à la douleur dans le Grand-Duché s’apprête à fermer. Une catastrophe pour des centaines de patients.
« La prise en charge de la douleur dans notre pays ? Inexistante ! », s’exclame Denise Bucciarelli. Depuis l’annonce de la fermeture, d’ici à la fin de l’année, du service de traitement de la douleur de la ZithaKlinik, dans la capitale, la présidente de l’Association luxembourgeoise des patients à douleurs chroniques (Alpadoc) ne décolère pas. La clinique avait lancé, voilà huit ans, un projet pilote qui avait pris une ampleur inattendue, avec quelque 600 à 800 personnes reçues chaque année. Mais, les moyens ne suivent pas. Humains, d’abord : la profession de médecin de la douleur n’existe pas au Luxembourg, et ce sont des anesthésistes ou des neurologues qui assurent les consultations. Financiers, ensuite : celles-ci sont moins rémunérées que des consultations chez un généraliste, et la Caisse nationale de santé (CNS) n’a défini aucune nomenclature spécifique. Par ailleurs, aucun chiffre officiel sur la prévalence de la douleur n’est disponible, le Grand-Duché n’ayant pas participé à l’enquête européenne PainSTORY
Pour le moment, ni le ministère de la Santé, ni la CNS n’ont mis la main au portefeuille. Pourtant, le projet de création d’un, voire de plusieurs, centre (s) de la douleur figure au programme du nouveau gouvernement issu des élections d’octobre 2013. « La CNS m’a rétorqué que la ZithaKlinik n’avait pas suffisamment insisté pour défendre la survie du service. Je me demande bien ce que ça veut dire ! », s’étonne Denise Bucciarelli. Suite à une banale foulure du pied il y a neuf ans, elle a développé une algodystrophie qui l’oblige aujourd’hui à se déplacer en s’aidant de béquilles ou en fauteuil roulant, et à subir quatre séances hebdomadaires chez le kiné pour soulager ses douleurs de dos et son inflammation de la hanche droite. « Mon infection a vite été détectée mais, à l’époque, on m’a dit qu’il n’y avait rien à faire, explique-t-elle. Pourtant, en me rendant dans un centre spécialisé à Mayence, en Allemagne, on m’a confirmé que je n’avais pas eu les soins que j’aurais dû recevoir. »
Alpadoc et ses 120 membres ont lancé une pétition qui a recueilli 6 800 signatures. Le ministère de la Santé doit y répondre avant la mi-mars. En attendant, les patients se débrouillent comme ils peuvent, jonglant entre les cabinets de médecins libéraux, les prescriptions médicamenteuses et le service du Centre hospitalier du Luxembourg (CHL), pour lequel les délais d’attente sont de six à neuf mois. L’idéal serait l’ouverture d’un centre dédié, qui réunirait tous les spécialistes et fournirait aux patients une réponse globale.
1- Pain study tracking ongoing responses for a year.