LA CHIRURGIE AMBULATOIRE SE DÉVELOPPE - L'Infirmière Magazine n° 343 du 15/04/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 343 du 15/04/2014

 

CANCÉROLOGIE

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… COLLOQUES

FRANÇOISE VLAEMŸNCK  

Près de 700 soignantes ont assisté aux 17e Rencontres infirmières en oncologie (RIO), le 22 mars à Paris. La chirurgie ambulatoire, qui concerne 9 % des interventions en cancérologie, met en avant le rôle infirmier.

Longtemps réservée à des interventions mineures en France, la chirurgie ambulatoire (lire aussi le dossier, p. 14) est désormais proposée pour des interventions complexes, et ce dans toutes les spécialités chirurgicales. Toutefois, en cancérologie, elle ne concerne aujourd’hui que 9 % des interventions, principalement des cancers de la peau (65 % du total) et, loin derrière, les cancers du sein (seulement 10 %). « Cela pourrait donner l’impression que le cancer est un obstacle à la prise en charge ambulatoire. Or, on s’aperçoit que les taux d’intervention ambulatoire dans les Centres de lutte contre le cancer (CLCC) sont deux fois supérieurs à ceux des autres établissements, bien que l’on note une disparité importante au sein même des CLCC, avec des taux d’intervention qui varient de 3 à 35 %. Ce n’est donc pas le cancer qui empêche une prise en charge en ambulatoire mais bien la volonté des acteurs du soin de s’engager dans cette voie », a relevé le Pr Corinne Vons, chirurgienne digestive et générale à l’hôpital Jean-Verdier (93), lors des Rencontres de l’Association française des infirmières en oncologie.

Évaluer les risques

Pour les patients, les bénéfices sont nombreux. Outre qu’ils sont moins exposés aux risques thrombo-emboliques et aux infections nosocomiales, ils bénéficient du confort de rentrer chez eux le jour même, sans rupture avec leur entourage et avec la garantie d’une gestion des risques post-opératoires. « Il faut prévoir, en fonction de la nature de l’intervention, une prise en charge très matinale pour se ménager un délai de surveillance suffisant afin de gérer une éventuelle complication », détaille le médecin, par ailleurs, présidente de l’Association française de chirurgie ambulatoire. Le patient ne peut sortir de l’unité de chirurgie ambulatoire (UCA) que s’il atteint 9 selon le score de Chung. Cette évaluation doit se traduire par une absence de douleur, de nausée et de vomissement et le constat que le patient est capable de se lever, qu’il ait pu se restaurer et, dans certains cas, qu’il ait pu uriner. Des antalgiques sont prescrits dès le début de l’intervention ainsi que des anti-nausées et anti-vomitifs. Les benzodiazépines, qui prolongent l’endormissement, sont proscrits.

Nouveau rapport

En amont de l’intervention, trois consultations sont organisées, dont une – et cela tend à se généraliser – est assurée par une infirmière. Son rôle est de reformuler les modalités de l’intervention et d’informer les patients des suites de l’opération : ce qui est normal après et qui ne doit pas les inquiéter et, a contrario, ce qui doit les alerter et les conduire à contacter leur médecin traitant ou l’équipe de l’UCA. Elle doit aussi expliquer les bonnes pratiques de la préparation cutanée. « Ce n’est pas seulement dire ce que le patient doit faire mais pourquoi il doit le faire. Informer le patient, c’est faire de lui un acteur de sa prise en charge », insiste le Pr Vons. Pour le médecin, ce rôle infirmier scelle un nouveau rapport avec les patients. « Il n’y pas de perte de relation entre l’infirmière et le patient en ambulatoire, bien au contraire. Grâce à la consultation infirmière, à l’appel téléphonique la veille, à la journée d’hospitalisation et à l’appel du lendemain, les rapports sont très intenses avec les patients mais aussi au sein de l’équipe. En UCA, les soignants apprennent les nouveaux concepts de la médecine, la gestion des risques et une nouvelle organisation. »

Selon elle, des freins culturels entravent encore le développement de la chirurgie ambulatoire en cancérologie. Ses opposants mettent notamment en avant la banalisation de la maladie et une moins bonne prise en charge psychologique des patients. « Il faut effectivement être vigilant et ne pas supprimer les outils de soutien mis à disposition des patients pour évaluer et soutenir leur état psychologique. Cela dit, les enquêtes de satisfaction montrent que les patients font la différence entre temps d’hospitalisation et gravité de la maladie et qu’ils n’ont pas la sensation d’être abandonnés au moment de leur sortie. »