L'infirmière Magazine n° 344 du 01/05/2014

 

ACTUALITÉ

CHRONIQUE

CASSANDRE  

Le développement tous azimuts des supports informatiques dans le domaine de la santé ne va pas sans poser de questions à chacun d’entre nous, en particulier aux infirmières et aux cliniciens. Évidemment, le fantasme de la rapidité de l’information, du don d’ubiquité offert à chaque professionnel, où qu’il soit à l’hôpital, est séduisant : nous pouvons tout savoir, vite et partout. Mais la communication transparente de données confidentielles n’est pas aussi sécurisée qu’il n’y paraît. La faille vient de données telles que la date de naissance du patient, son sexe, son nombre d’hospitalisations dans un établissement, dans une année, etc. Pris individuellement, ces éléments ne trahissent pas l’identité d’une personne, mais croisés entre eux, ils permettent d’y parvenir ! Selon le rapport sur la gouvernance et l’utilisation des données de santé, remis par Pierre-Louis Bras et André Loth en septembre dernier à la ministre de la Santé, 89 % des personnes hospitalisées une fois, et 100 % de celles hospitalisées à deux reprises sont identifiables grâce au fichier PMSI(1), que nous connaissons tous. Comme l’a montré Cynthia Woks, chercheuse chez Microsoft, ce sont donc bien ces données « annexes », présumées anodines, qui agissent comme des traceurs de l’identité de chacun, de nos patients comme de nous-mêmes. Sans sombrer dans la paranoïa, il paraît nécessaire d’inviter chaque infirmière à la vigilance : les soignants deviennent-ils les bras armés d’une fuite organisée de données confidentielles, à leur insu et à l’encontre de leur éthique ?

Les parades porteront sur le cryptage ou l’anonymisation des données, mais surtout sur la confiance que nous portent les patients et sur notre capacité à garder, scellé par le colloque singulier, l’absolu secret de la relation de soins.

1- Programme de médicalisation des systèmes d’information.