SANTÉ AU TRAVAIL
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DU CÔTÉ DES… COLLOQUES
Entrée en vigueur en juillet 2012, la réforme de la Santé au travail confie de nouvelles missions aux IDE spécialisées. Les Journées du Groupement des infirmières au travail (GIT), organisées fin mars à Saint-Malô, ont été l’occasion de faire un point d’étape sur cette loi, uniformément appliquée.
Le rôle et les missions des 6 000 infirmières de santé au travail (IST) ont été valorisés par la réforme entrée en vigueur le 1er juillet 2012. Pourtant, 18 mois plus tard, les services tâtonnent dans l’application de ces nouvelles dispositions. « La mise en place de la réforme est très inégale selon les modes de fonctionnement », a expliqué Anne Barrier, présidente du GIT. Coordonnés par les médecins, les services de santé au travail peuvent être autonomes (SSTA) dans une entreprise ou un établissement dont ils s’occupent exclusivement, ou inter-entreprises (SSTI). Au sein de ces derniers, où leur présence n’était auparavant pas obligatoire, les infirmières cherchent encore leur place aux côtés de médecins peu familiers du travail en équipe. « Elles sont notamment amenées à participer à l’élaboration du projet de service, dont elles peuvent être le moteur », remarque le Dr Laurence Marescaux, médecin inspecteur auprès de la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) de Bretagne.
« Plusieurs d’éléments législatifs régissent leur activité, a-t-elle souligné. Les infirmières peuvent appliquer des protocoles d’urgence, que les médecins du travail ont l’obligation de signer. Or, ceux-ci rechignent parfois. Elles peuvent aussi réaliser des examens complémentaires, en application d’une prescription, et mener des entretiens qui relèvent du secret médical. » Leur rôle dépasse donc celui de la simple exécutante. « Le secret professionnel est partagé avec le médecin sur la prise en charge médicale, en accord avec le patient. Pour le reste, c’est à chaque professionnelle d’évaluer le niveau d’échange qu’elle veut instaurer avec l’équipe », insiste le Dr Marescaux.
Les entretiens infirmiers, lors du passage d’un salarié à l’infirmerie ou à l’occasion d’une convocation spécifique, représentent un levier inégalement actionné de la santé au travail. Pourtant, les médecins du travail sont trop peu nombreux pour mener toutes les consultations utiles.
Anne Bernard, infirmière dans l’Aisne et membre de la commission médico-technique de son SSTI, a donné l’exemple du projet de son service : « Lorsqu’un aménagement de poste est prévu par le médecin, un entretien infirmier à deux ou trois mois permet de vérifier si ses préconisations ont été respectées et éviter ainsi au salarié de perdre son emploi pour inaptitude. Nous voyons aussi beaucoup de salariés qui travaillent de nuit. Un seul entretien ne suffit pas pour régler tous les problèmes. Si, par exemple, le médecin aborde la question du sommeil au cours de la visite médicale, les IST pourront traiter de l’alimentation lors d’un entretien six mois plus tard. Enfin, nous menons un travail de prévention des addictions par le biais du risque routier ; des entretiens spécifiques ont été élaborés. »
Les compétences propres des infirmières, telles qu’inscrites dans la loi du 20 juillet 2011, participent donc d’une politique d’amélioration de la santé au travail. Pour que les équipes pluridisciplinaires fonctionnent, des espaces de communication et d’information apparaissent comme une nécessité. Ils se mettent doucement en place, au rythme impulsé par les médecins du travail et les directeurs des services.
La réforme de 2011-2012 stipule que les infirmières qui ne sont pas spécialisées dans la santé au travail doivent pouvoir bénéficier d’une formation après leur embauche. « Mais le terme « diplômante » n’apparaît pas », regrette le Dr Marescaux, de la Direccte Bretagne. Certains services enverront leurs infirmières passer un diplôme inter-universitaire (DIU) ou une licence.
« Il existe des masters et des formations de 3 heures, explique Anne Barrier, présidente du GIT. Nous souhaiterions que le master devienne la norme. »
En moyenne, seules 10 % des IDE ont suivi un cursus en « santé au travail », avant de postuler.