L'infirmière Magazine n° 344 du 01/05/2014

 

POLITIQUE

ACTUALITÉ

VÉRONIQUE HUNSINGER  

Deux nouvelles secrétaires d’État épauleront la ministre, qui devra poursuivre ses réformes tout en dégageant 21 milliards d’euros d’économie.

L’espace d’une semaine, les soignants ont bien cru qu’il n’y avait plus de ministre de la Santé en France. Mais l’Élysée et Matignon se sont rendus compte de la bévue commise lors de l’annonce de la composition du gouvernement de Manuel Valls, le 2 avril : en reconduisant Marisol Touraine à la tête des Affaires sociales, ils avaient supprimé la « santé » de son titre. Une semaine plus tard, lors de l’annonce de la liste des secrétaires d’État, la ministre a récupéré l’ensemble de ses attributions.

L’hypothèse de la nomination d’un secrétaire d’État à la santé n’a, finalement, pas abouti. Néanmoins, avenue de Ségur, deux nouvelles locataires seconderont Marisol Touraine. Laurence Rossignol, sénatrice socialiste de l’Oise, 56 ans, récupère le portefeuille de la Famille et des Personnes âgées et de l’Auto­nomie. Elle devra notamment, à ce titre, défendre au Parlement le projet de loi sur le financement de l’autonomie élaboré par la ministre du précédent gouvernement, Michèle Delaunay. Porte-parole du PS, Laurence Rossignol est également engagée depuis les années 70 dans le militantisme féministe.

À ses côtés, Ségolène Neuville, députée PS des Pyrénées-Orientales, 44 ans, est la nouvelle secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion. Peu connue du grand public, ce médecin, qui a exercé au service des maladies infectieuses de l’hôpital de Perpignan, était membre de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, où elle est notamment intervenue sur les questions de la contraception, des droits des femmes ou de la réforme de la biologie médicale. Le jour de la nomination de ses deux secrétaires d’État, Marisol Touraine a immédiatement posté sur Twitter une photo de sa nouvelle équipe, qualifiée de « trio de choc ».

Loi de santé en 2015

En gardant la santé sous sa seule responsabilité, la ministre aura fort à faire dans les prochains mois. Elle devra, en juillet, présenter la première mouture de son projet de loi, qui suit pour l’instant le cours de la concertation avec les représentants des différents acteurs du monde de la santé. Ce texte, qui devrait être examiné au Parlement début 2015, vise à mettre en musique la « stratégie nationale de santé » et à reprendre les propositions d’Édouard Couty dans son rapport de mars 2013 sur le « Pacte de confiance » pour l’hôpital.

Dans les prochaines semaines, la ministre devra également remettre les mains dans le cambouis budgétaire. Sur les 50 milliards d’euros d’économies annoncées par le chef de l’État d’ici à 2017, 21 milliards sont attendus du côté de la Sécurité sociale, dont 10 pour la seule Assurance maladie. « La santé, nous y reviendrons », a glissé Manuel Valls lors de son discours de politique générale à l’Assemblée nationale. Le Premier ministre mise notamment sur le développement de la chirurgie ambulatoire, la réduction du nombre d’actes inutiles et un plus grand recours aux génériques.

ÉCONOMIES

LA FHF PREND LES DEVANTS

La Fédération hospitalière de France (FHF) a soumis au Premier ministre un plan « pouvant conduire, en cinq ans, à une économie de 5 à 7 milliards d’euros ». Premier chantier : la lutte contre les prescriptions et hospitalisations inutiles. Pour traquer les « anomalies », elle demande la mise à disposition des données de l’Assurance maladie. La FHF propose, par ailleurs, de réserver les autorisations d’activités, voire le financement, « aux seuls offreurs de soins engagés dans le service public ». Pour développer les sources d’économie que sont la chirurgie ambulatoire, l’HAD et les nouveaux métiers, la fédération réclame « un plan ambitieux d’investissements ». Pointant une succession de réglementations qui ont raréfié le temps de travail disponible et renchéri son coût (repos compensateur, entrée dans le LMD…), la FHF demande au gouvernement de « contenir les mesures de revalorisa-tion salariale », d’encadrer l’interim médical et de soutenir une renégociation des accords sur le temps de travail. Les ARS devraient, quant à elles, diminuer leurs effectifs de moitié pour se recentrer sur leurs missions.

AVELINE MARQUES