L'infirmière Magazine n° 344 du 01/05/2014

 

ORDRE INFIRMIER

ACTUALITÉ

FRANÇOISE VLAEMŸNCK  

Les élections des conseillers départementaux, du 19 mars au 3 avril, n’ont mobilisé que 21,9 % des infirmières. Pour combler les vides sur le territoire, l’Ordre envisage un scrutin complémentaire.

Alors que 134 482 infirmières inscrites au tableau de l’Ordre national des infirmiers (ONI) étaient appelées aux urnes pour élire, par collège, leurs représentants départementaux, seules 17 245 infirmières libérales, 7 288 salariées du secteur public et 4 906 salariées du secteur privé se sont exprimées. Sur le millier de candidats briguant les suffrages, 671 titulaires ont été élus (1), ainsi que 160 suppléants. « Cette élection va permettre à l’Ordre d’installer des conseils départementaux pour répondre aux attentes des infirmiers sur les territoires », s’est félicité, dans un communiqué, le Conseil national de l’ordre infirmier (CNOI). Mais, cette autosatisfaction résiste mal aux règles basiques de l’arithmétique…

Ainsi, plusieurs départements (Can­tal, Corse du sud, Creuse, Indre, Loir-et-Cher, Lozère, Mayenne, Meuse, Nièvre, Haute-Saône, Sarthe et Guyanne) ne comptent qu’un ou deux élus, tandis que l’Ain et le Territoire de Belfort n’en ont aucun. Beaucoup ne remplissent pas leurs trois collèges. Résultat : la plupart des départements ne répondent pas aux exigences de représentativité édictées par le Code de la santé publique(2). Pour les territoires ayant peu ou pas d’élu, l’Ordre a indiqué qu’il organiserait un « deuxième tour » sous la forme d’élections complémentaires. Les modalités de ce nouveau scrutin ne sont pas encore connues et rien n’est dit pour les collèges défaillants des autres départements. « Nous n’aurons pas de territoires vierges », assure Olivier Drigny, vice-président de l’Ordre, réélu en Côte-d’Or, tout comme Didier Borniche et Karim Mameri, respectivement président et secrétaire général, reconduits en Seine-Maritime.

« Communication négative »

Si la pénurie de candidat persistait, l’ONI pourrait envisager une représentation interdépartementale. Les élus d’un département seraient appelés à diriger un autre département de leur région. Les ARS pourraient également désigner des représentants proposés par l’Ordre. Le temps presse, car les élections régionales doivent se tenir le 26 juin. Quoi qu’il en soit, Olivier Drigny estime que le taux de participation de 21,9 % « est une prouesse » au regard de celui d’éle­ctions ré­centes, comme les municipales, et dans un contexte où l’Ordre est victime « d’une communication négative, notamment de la part du ministère de la Santé ». Les opposants, eux, ne cachent pas leur satisfaction. « Didier Borniche se glorifie du résultat de cette élection, nous n’avons décidément pas la même appréciation des chiffres. Qui y a-t-il de glorieux, en effet, à enregistrer une abstention de plus de 78 % au sein de sa propre organisation ? Et si l’on rapporte le nombre de votantes à l’ensemble des infirmières en exercice, on atteint à peine les 6 % ! Ce qui, une fois de plus, met en lumière le rejet de cette instance par la grande majorité de la profession », déclare Hugues Dechilly, secrétaire général de Résilience qui, comme l’intersyndicale anti-Ordre(3), appelait les infirmières à boycotter cette élection. Tous réclament encore son abrogation.

1- 274 élus pour le collège public, 148 pour le collège privé et 249 pour le collège libéral.

2- L’article D4311-56 du Code de la santé publique fixe à 13 le nombre d’élus titulaires dans les départements comptant moins de 4 000 inscrits au tableau ; à 23 dans ceux comptant entre 4 000 et 9 000 inscrits et à 31 ceux de plus de 9 000 inscrits.

3- CFDT Santé-Sociaux, la CGT Santé-Action sociale, la CFTC Santé-Sociaux, FO Santé-Sociaux, le SNICS FSU, Sud Santé-Sociaux et l’Unsa Santé-Sociaux.