Efficience », « retour sur investissement », « rapport coût-efficacité » sont, de plus en plus, les mots magiques, issus du monde industriel, en matière de santé. Pas un jour sans que l’on ne valorise, évalue, une technologie, un mode de prise en charge sous l’angle financier. Dernièrement encore, un communiqué nous informe des succès de la campagne « Sauve ma peau » avec cette formule sèche : « Plus de 16 000 patients n’ont pas développé d’escarre en Île-de-France, 8 millions d’euros d’économisés. » Certes, l’approche médico-économique qui se développe en France – cf. la mission d’évaluation médico-économique des médicaments et dispositifs médicaux de la Haute Autorité de santé, revue en 2012
Parallèlement à cette recherche de l’efficience, les effets pervers d’une gestion libérale sont bel et bien visibles. Les emprunts toxiques qui plombent les comptes des hôpitaux et se répercutent sur les effectifs en sont un exemple. Le démantèlement des hôpitaux de proximité, nuisant à une bonne prise en charge des populations souvent fragiles et âgées, n’est-il pas générateur de nouveaux coûts en termes de santé, en attendant une réorganisation des soins ? Dans ce contexte plus que tendu, traversé par des vents contraires, c’est un peu agaçant de voir ainsi juxtaposés bénéfice pour le patient et gain financier.
* Article 47, Loi de financement de la Sécurité sociale 2012.