Contraint d’organiser un second tour pour ses élections locales, l’ONI est en bute à l’hostilité, de plus en plus manifeste, de la ministre de la Santé.
Je le dis très fermement : l’ordre des infirmiers est un ordre contesté, sans légitimité et donc, dont l’avenir est clairement menacé. » Cette déclaration tonitruante n’est pas à mettre au crédit des anti-Ordre mais à celui de Marisol Touraine. S’exprimant devant l’Assemblée le 13 mai, la ministre de la Santé a annoncé que des évolutions législatives devraient intervenir rapidement. Concrètement, l’adhésion à l’ordre des infirmiers (ONI) ne serait plus obligatoire pour les salariées. Une façon radicale mais astucieuse de contenter à peu de frais la majorité de la profession, qui ne s’est jamais reconnue dans cet ordre professionnel, et de sortir les non-inscrites et les employeurs de l’illégalité dans laquelle ils se trouvent depuis 2006. Dans une lettre datée du 16 mai, les représentants de l’Ordre ont à nouveau demandé à être reçus au ministère, accusant Marisol Touraine de « stigmatiser » l’instance.
Cette prise de position tombe mal pour l’ONI, déjà contraint d’organiser le 30 octobre un nouveau tour de scrutin dans plus de 50 départements qui n’ont pas fait le plein d’élus aux dernières élections, et de repousser, de facto, à janvier 2015 les régionales du 26 juin. Par ailleurs, début mai, Didier Borniche, président de l’Ordre, avait adressé un courrier à Marisol Touraine lui proposant que l’instance reprenne la gestion du répertoire Adeli en lieu et place des ARS, arguant que cette tâche était, pour elles, « inutile et coûteuse ». La ministre n’a sans doute pas apprécié cette nouvelle maladresse de la part d’une instance qui pose, depuis sa création, plus de problèmes qu’elle n’en résout.