Les infirmières cliniciennes figurent parmi les nouveaux métiers que doit définir le projet de loi de santé. En ville, les médecins généralistes y sont, d’ores et déjà, hostiles.
Ce 17 juin, la ministre de la Santé doit présenter les grandes orientations du projet de loi de santé. L’une d’elles est la modernisation des professions de santé grâce à la « concrétisation des transferts de compétences » et « le développement de nouveaux métiers de santé », selon un avant-projet de loi que nous nous sommes procurés. Luc Duquesnel, le président de la branche généraliste de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), premier syndicat de médecins libéraux, dénonce « un véritable marché de dupe ».
Le projet de loi, en l’état actuel de sa rédaction, prévoit de définir « un niveau de formation intermédiaire entre celui des auxiliaires médicaux et celui des médecins », qui doit permettre « d’atténuer les conséquences du déficit démographique en médecine générale et d’optimiser l’évolution démographique des autres spécialités, notamment de premier recours ». Un nouveau métier d’infirmière clinicienne, en ville comme à l’hôpital, est donc en train de se dessiner.
« Il y a une volonté claire, nous avons eu plusieurs réunions au ministère de la Santé sur ce sujet », assure Luc Duquesnel. Pour lui, le généraliste se voit « dépouillé des consultations simples par les infirmières cliniciennes. Nos consultations vont devenir de plus en plus longues et complexes. Mais, elles seront toujours rémunérées 23 euros. Cette évolution aura un impact sur notre rémunération ». Et il rappelle que si la démographie des médecins généralistes est aujourd’hui en légère baisse, la tendance va bientôt s’inverser « avec l’afflux de médecins formés à l’étranger ».
Luc Duquesnel n’oppose pas, pour autant, « une fin de non-recevoir, ces nouveaux métiers sont sans doute nécessaires à l’hôpital, où ils font gagner du temps au médecin, mais sans impact sur leur rémunération ». Pour les médecins généralistes, il souhaite « tout mettre sur la table, puisqu’on touche au contenu de notre consultation. Il faut revaloriser nos actes cliniques les plus complexes ». À la tête d’une maison de santé en Mayenne, Luc Duquesnel pratique déjà la pluridisciplinarité : « Nous mettons en place, avec les infirmières, des consultations de télémédecine ou une gestion des sorties complexes d’hôpital. Il y a aujourd’hui tellement de choses qu’on ne fait pas, il est inutile d’enlever du travail au médecin. »