L'infirmière Magazine n° 348 du 01/07/2014

 

EMPLOI

ACTUALITÉ

LAURE MARTIN  

Selon une enquête menée par la Fnesi, 44 % des infirmières diplômées depuis 2009 sont en CDD. L’association dénonce une inadéquation entre l’offre de formation et les besoins de santé.

La profession a longtemps été réputée pour son plein emploi, une image aujourd’hui en décalage avec la réalité. « Selon notre enquête(1), 14 % des diplômées depuis 2009 se déclarent sans emploi et 44 % sont en CDD. Il y a quelques années, ce n’était pas le cas », relève Loïc Massardier, président de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi). En 2011, la FHP notait que seuls 3 % des nouvelles diplômées étaient sans emploi, un an après leur sortie de formation. Ce chiffre a atteint les 10 %. « Les diplômées alternent les phases de chômage et d’emploi avec une moyenne de 3,48 contrats en 2013 », note le président de l’association.

Par ailleurs, 41 % des jeunes infirmières ont un poste qui ne correspond pas à leurs aspirations et « 20 % ont pratiqué en tant qu’aide-soignante », regrette Loïc Massardier. L’enquête met en évidence une inadéquation entre la formation, les projets professionnels des diplômées et les besoins de santé. Les secteurs gériatriques et psychiatriques souffrent d’une désaffection : respectivement 32 % et 35 % d’entre elles souhaitent les éviter. Le manque de moyens humains et techniques est pointé en gériatrie.

Répartition

Face à ces constats, la Fnesi formule des recommandations, au premier rang desquelles une meilleure gestion de l’offre de formation et des quotas, élément central pour maîtriser les flux entrants des étudiants et la régulation démographique des IDE. « La répartition en régions se fait sans aucun lien avec l’évolution des besoins de santé et de la conjoncture », déplore Loïc Massardier. Deux tiers des nouvelles IDE n’exercent pas dans la région dans laquelle elles ont étudié.

La Fnesi plaide pour le développement du secteur médico-social, notamment des maisons de santé, afin que les étudiants puissent y exercer leurs stages cliniques. « Les régions doivent rendre le territoire attractif pour attirer l’étudiant, l’y ancrer et capter de nouveaux professionnels », souligne Loïc Massardier. L’enquête révèle que 55 % des étudiants sont prêts à exercer dans un désert médical. Enfin, pour la Fnesi, « la précarisation de l’emploi pourrait se réguler grâce à la mise en place d’une poursuite d’étude en lien avec les besoins de santé publique ». L’association prévoit une nouvelle enquête dans deux ans.

1- L’enquête a été menée de janvier à mai 2014 auprès de 3 221 jeunes diplômées depuis 2009.