Bien qu’elle soit devenue incontournable, l’infirmière de coordination n’a toujours pas de statut. Fin juin, à Paris, les premières Assises nationales ont dressé un état des lieux de cette spécialité en devenir.
Héritière de l’infirmière référente, l’infirmière coordinatrice (Idec) s’est imposée au fil des ans comme l’un des piliers de l’organisation des soins en Ehpad. Mais, si le directeur d’établissement et le médecin coordinateur ont un statut et des missions bien définis par les textes de loi, l’Idec doit se contenter des quelques lignes contenues dans un arrêté datant de 1999
En témoigne l’enquête menée auprès de 41 Idec par l’Association alsacienne des infirmières coordinatrices en Ehpad (Asalice) et présentée lors de ces premières Assises. Exerçant dans des établissements comptant 32 à 141 lits, « une large moitié partagent leur temps entre coordination et soins », commente Laurence Bockstaller, présidente de l’association. Réduit dans les établissements de petite taille, le temps consacré aux missions de coordination est plus important dans les Ehpad de 60 à 70 lits. « Près de 40 % des répondantes se plaignent du manque de temps pour exercer leur fonction de coordination et parlent de “bénévolat”. Certaines n’ont pas de bureau, ni même d’ordinateur », déplore l’Idec alsacienne. Par ailleurs, 32 % n’ont suivi aucune formation et seules quatre se sont vu attribuer un statut de cadre.
Ces deux éléments sont pourtant nécessaires pour permettre à l’Idec de s’affirmer face aux familles, au médecin-coordinateur, au directeur et aux aides-soignantes, ont relevé de nombreux intervenants tout au long de cette journée. « Les infirmières ont déjà un rôle d’encadrement des équipes aides-soignantes. Mais il faut une formation complémentaire pour pouvoir mettre en place les outils et la méthodologie nécessaires ? », estime le Dr Florence Barthélémy, coordinatrice pédagogique du DU « Infirmière référente en Ehpad et en Ssiad à l’Université Paris Descartes ». La formation doit également leur permettre « d’intégrer ce changement d’identité ? », appuie Brigitte Feuillebois, cadre de santé au service formation de l’AP-HP, qui penche pour « un diplôme de cadre spécifique au secteur médico-social ». Mais, pour décrocher « un statut digne de ce nom, il faut s’unir pour déterminer ce que l’on met derrière notre profession ? », martèle Joëlle Sicard, présidente de l’Association nationale des infirmières référentes en Ehpad.
1- Arrêté du 26 avril 1999 fixant le contenu du cahier des charges de la convention pluriannuelle prévue à l’article 5-1 de la loi n° 75-535 du 30 juin 1975 relative aux institutions sociales et médico-sociales.
Assurant la liaison entre le médecin prescripteur, le pharmacien et les aides-soignantes, l’infirmière coordinatrice est « au cœur de la prévention du risque lié au médicament », a rappelé Véronique Bertram, pharmacienne au sein du groupe DomusVi. Si l’administration des médicaments relève indéniablement du rôle propre infirmier, de nombreux établissements ont confié la préparation des doses à administrer (PDA) aux pharmaciens d’officine. Se pose alors la question de la responsabilité de l’Idec en cas d’erreur. « Dans l’Ehpad où je travaille, l’infirmière est seule le matin pour distribuer les médicaments de 70 résidents. Elle ne peut pas vérifier ce qu’a préparé le pharmacien ! », a témoigné une Idec présente dans la salle.
« Le texte de loi dit que l’infirmière doit s’assurer de la conformité aux prescriptions, a confirmé Véronique Bertram. Mais le pharmacien doit vous fournir une photothèque pour vous permettre d’identifier les médicaments. Et la distribution des formes orales sèches peut être confiée aux aides-soignantes », a rappelé la pharmacienne.