L’afrique en quarantaine - L'Infirmière Magazine n° 351 du 15/09/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 351 du 15/09/2014

 

ÉDITORIAL

HÉLÈNE TRAPPO  

Alors qu’en Afrique de l’Ouest, c’est la course contre la montre pour contenir l’épidémie d’Ebola, le traitement de cette crise sanitaire tant médiatique que politique, à l’échelle internationale, est une démonstration d’absurdité. On se souvient de l’épisode malheureux, lors de la pandémie annoncée de grippe A, de la commande astronomique de 94 millions de vaccins partis en fumée. Contre le virus Ebola, point de vaccin autorisé mais le sujet-entretenu par la publicité autour de la guérison de deux Américains ayant reçu le Zmapp à titre expérimental -ne manque pas d’occuper la scène médiatique… et l’industrie pharmaceutique. Cet été, on envisageait, en pleine épidémie, de tester des molécules, sans en connaître les effets secondaires ! En attendant, le bilan et les prévisions sont alarmants : 3 069 cas et 1 552 morts selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé), une mortalité globale de l’infection estimée à 52 %, aucun signe de ralentissement de l’épidémie (40 % des cas actuels sont apparus pendant les trois dernières semaines)… Face au fléau, dont l’OMS a pris tardivement la mesure, on attend donc d’abord et surtout, le déploiement de moyens, notamment humains, pour prévenir, éduquer, soigner… Sur le terrain, selon MSF (Médecins sans frontière), la tâche des soignants est ardue, en raison de la méconnaissance de la maladie, de la dispersion des cas, de freins culturels, parfois même de la méfiance des populations envers le corps médical, lui-même touché. Triste caractéristique de cette épidémie, jamais soignants et médecins (dont des membres d’ONG) n’ont payé un si lourd tribu. Les forces vives s’amenuisent à mesure que le virus se propage. Un vrai cercle vicieux. Devant le peu de mobilisation, il faut croire qu’Ebola ne constitue pas pour les Occidentaux, disposant de moyens sanitaires capables de maîtriser le virus, une menace bien réelle.