LA HAS N’EST PAS SATISFAITE - L'Infirmière Magazine n° 352 du 01/10/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 352 du 01/10/2014

 

COOPÉRATIONS

ACTUALITÉ

CAROLINE COQ-CHODORGE  

La Haute Autorité de santé dresse un maigre bilan des coopérations entre professionnels de santé. Seuls 30 protocoles ont été autorisés depuis 2009. La majorité concernent le binôme médecin-IDE.

Les protocoles de coopération entre professionnels de santé sont-ils une bonne manière de faire évoluer les métiers et les organisations de travail ? En l’état actuel, non, répond la HAS, qui vient de livrer le rapport d’activité pour l’année 2013 de ces coopérations, issues de l’article 51 de la loi HPST de 2009. Sur les 71 protocoles qui lui ont été transmis, seuls 30 ont obtenu un avis favorable. Pour la Haute Autorité, « la procédure reste fastidieuse » et « tous les protocoles ont nécessité une consolidation avec les promoteurs imposant de nombreux échanges ».

Plus de la moitié des coopérations autorisées transfèrent des tâches médicales aux IDE. Pour la HAS, elles pallient donc le « manque de médecins », permettant à ces derniers de se consacrer à des « tâches plus complexes ». D’autres coopérations sont des innovations, par exemple, lorsqu’une IDE pilote une télésurveillance de patients diabétiques. Ces dispositifs de télémédecine dessinent « un schéma d’avenir pour le suivi des maladies chroniques ». Une majorité de coopérations délèguent aux IDE de véritables consultations, bien au-delà de l’acte technique, préfigurant « les pratiques avancées » ; c’est le cas du suivi de patients beneficiant d’une chirurgie de l’obésité, avec prescription de médicaments.

Pas de rémunération

Mais pour la Haute Autorité, ces premières évolutions, par dérogation, des missions infirmières sont insuffisantes. Ces coopérations sont peu reproductibles ; elles répondent à des organisations d’équipes remarquables et se voient menacées au départ de leurs leaders. Un autre frein à leur dissémination est l’absence de rémunération. Seules quatre coopérations sont suffisamment avancées pour être évaluées, donc éventuellement inscrites dans la nomenclature. Parmi elles, Asalée, l’action de santé libérale en équipe pluriprofessionnelle, initiée en Poitou-Charentes, et le protocole du CHU de Rouen sur la réalisation d’échographies et d’écho-dopplers par des manipulateurs radio.

La HAS appelle donc de ses vœux une inflexion sensible du dispositif, en le limitant à quelques actes et activités répondant à « une volonté explicite d’évolution des modes d’organisation » et pour lesquels il existe un « modèle économique ». Il faut donc s’attendre à une remise en cause des coopérations entre professionnels de santé ou à l’émergence de véritables pratiques avancées, pérennes et rémunérées. Le projet de loi de santé, examiné début 2015, doit trancher.