INTERVIEW : YVON BERLAND PRÉSIDENT DE L’UNIVERSITÉ D’AIX-MARSEILLE DEPUIS 2012 PROFESSEUR DES UNIVERSITÉS PRATICIEN HOSPITALIER (PU-PH) DEPUIS 1988
DOSSIER
Président de la commission santé de la conférence des présidents d’université (CPU) depuis 2012, Yvon Berland explique comment l’Université joue un rôle majeur dans la formation continue des infirmières.
L’INFIRMIÈRE MAGAZINE : Quelle plus-value un D.U. et D.I.U.
PR YVON BERLAND : Ils apportent des connaissances et des compétences qui, par leur caractère universitaire et donc « officiel », sont facilement reconnues par les employeurs. Par ailleurs, D.U. et D.I.U. sont des formations universitaires diplômantes. à ce titre, elles peuvent être converties en unités d’enseignement et donc prises en compte dans le cadre d’une éventuelle validation des acquis de l’expérience (VAE), voire pour une inscription en Master 1 ou 2.
L’I. M. : L’Université pourrait-elle jouer un rôle plus important dans la formation continue des infirmières ?
Y. B. : L’Université devrait – et doit – jouer un rôle majeur dans la formation continue des infirmières au sein de départements mixtes de formation ouverts à l’ensemble des professions de santé. Avec l’accession au grade de licence des infirmières diplômées d’État, c’est à présent à l’Université d’organiser les formations avec des professionnels de la filière. L’avantage de l’Université est de disposer de multiples compétences en dehors du champ de la santé.
L’I. M. : Ne pensez-vous pas qu’il serait nécessaire d’homogénéiser leurs contenus et leurs tarifs, à nombre d’heures et contenu équivalents, un D.U. peut coûter deux fois plus d’une université à l’autre ?
Y. B. : Oui, je suis tout à fait d’accord avec cette proposition. Par ailleurs, encore une fois, l’intérêt de l’Université est de pouvoir bénéficier de compétences multiples notamment dans le domaine des sciences humaines et sociales.
L’I. M. : Dans le champ de la santé, quelques D.U. ont été créés dans le cadre de partenariats entre universités et entreprises privées. Qu’en pensez-vous ?
Y. B. : Compte tenu du poids important de la sphère privée dans le secteur de la santé, il est normal que des partenariats se nouent avec des entreprises pour mettre en œuvre des formations complémentaires. Comme la recherche et l’innovation sont fondamentales, certains partenariats avec le secteur privé sont incontournables. Par exemple, l’université d’Aix-Marseille propose de nombreux D.U. aux pharmaciens (appareillage en orthopédie, maintien des soins à domicile, pharmacocinétique-pharmacodynamique
L’I. M. : Est-il possible que les D.U. soient, à terme, reconnus comme des diplômes nationaux ?
Y. B. : Non, car par essence, les diplômes nationaux entrent dans le cadre d’une formation initiale. Les D.U. sont réservés à l’actualisation des connaissances, à l’apport de connaissances supplémentaires ou nouvelles à partir d’une formation initiale qui a déjà été obtenue. Le volume d’heures des D.U. est beaucoup plus limité que celui d’une formation initiale.
L’I. M. : On entend dire, grâce aux D.U., les universités ont trouvé un bon filon pour alimenter leur trésorerie défaillante. Comment prenez-vous cette pique ?
Y. B. : Les universités doivent absolument jouer un rôle majeur dans l’actualisation des connaissances, notamment dans le domaine de la santé. La mise en place d’un D.U. ou d’un D.I.U. a un coût et en général, ce qui est demandé comme droits d’inscription aux bénéficiaires de ces formations est largement inférieur à ce que peuvent, de leur côté, exiger les établissements privés ou les officines. Le plus souvent, les droits d’inscription ne servent pour les universités qu’à couvrir le coût des formations.
1- Président du comité de la recherche biomédicale et en santé de l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM) et de l’Observatoire national de la démographie des professions de santé.
2- Diplôme universitaire et diplôme inter-universitaire.
3- étude du devenir des médicaments dans l’organisme et étude des effets des médicaments sur l’organisme sain.