L’association L’Envol organise des camps de vacances adaptés, encadrés par une équipe médicale bénévole. Grâce à la thérapie récréative, les enfants malades y apprennent à se dépasser tout en s’amusant.
Regardez, j’ai touché le cochon ! » Nicolas est fier. Pourtant, il y a quelques minutes, il avait peur de s’élancer sur le mur d’escalade du site de Passy-Buzenval (Hauts-de-Seine) où il passe une semaine de vacances avec l’association L’Envol. Comme les 23 autres enfants présents, Nicolas est malade. « Nous accueillons des petits souffrant de cancers ou de pathologies hématologiques chroniques », explique Sandra Ploussard, la directrice médicale de l’association, pédiatre à l’hôpital Trousseau (Paris 12e). Dans ces camps – quatre séjours d’une semaine ont été organisés l’été dernier –, les enfants peuvent se divertir en toute sécurité. Les soins sont assurés par une équipe médicale bénévole. Mais les bénéfices du camp vont bien au-delà du divertissement. « Nous utilisons la thérapie récréative, qui consiste à aider les enfants à s’armer contre la maladie tout en s’amusant, précise Sandra Ploussard. Chaque activité est un défi que chacun peut relever. En équitation, par exemple, le défi de l’un sera simplement de caresser l’animal dont il a peur, tandis qu’un autre fera dix tours de manège. L’enfant juge selon ses limites, réelles ou ressenties. »
Myriam, bien maintenue dans un baudrier et assurée par Mathieu, intervenant en escalade, s’est lancée de deux mètres de haut. « J’ai réussi, tu as vu ? » lance la petite fille à Justine, l’une des deux infirmières (voir encadré). Une atmosphère médiévale plane sur l’infirmerie, décorée par l’association. « C’est le château et nous sommes les princesses, décrit Lou Romand, en attente d’un poste hospitalier en pédiatrie. Cela fait partie de la philosophie du camp. On se déguise, on participe aux activités… » Au programme, tir à l’arc, équitation, confection d’attrape-rêves, théâtre et soirées à thème. « Cette semaine, c’est le voyage dans le temps », lance Jofi, responsable des activités.
L’équipe compte un adulte pour un enfant. Tous, soignants compris, ont suivi deux jours de formation. Talkie-walkie en main, les 27 bénévoles sont connectés en permanence. Rien n’est laissé au hasard, mais tout se fait en coulisses : pour les enfants, pas de stress ! En cas de coup de pompe, ils peuvent se rendre au château, où sont installés des lits. « Ils viennent spontanément s’ils sont fatigués », se réjouit Lou. Tous ces efforts paient lorsque, parfois, l’équipe assiste à de petits miracles. « Quand un enfant atteint de drépanocytose apprend qu’il pourra aller à la piscine (chauffée à 34 °) en maillot, sans la combinaison qui le protège habituellement, c’est un tel moment de joie », conclut Justine.
JUSTINE GUICHARDAZ INFIRMIÈRE BÉNÉVOLE
« À l’hôpital, les enfants se battent tous les jours, mais dans un lit. Ici, ils marchent, jouent, discutent. Le contact avec l’équipe soignante est différent, les parents ne sont pas là. Ici, on n’a pas de blouse blanche mais une couronne de princesse, et les enfants jouent le jeu. Il m’est arrivé de piquer un petit assis sur le fauteuil du roi, juste parce qu’il en avait envie ! On les voit évoluer : au début, ils ont peur. Puis ils prennent progressivement confiance en eux jusqu’au dernier jour, celui de leur spectacle. C’est fantastique de les voir heureux. L’Envol est une incroyable expérience humaine, même si les dossiers médicaux des enfants sont lourds, avec des pathologies compliquées. »